tag:blogger.com,1999:blog-17790694313512848522024-03-18T20:18:59.955-07:00croiser hochelaga - flâneries urbainesbribes, textes, sons et images où se rencontre un quartierUnknownnoreply@blogger.comBlogger24125tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-78393618882824709332014-11-25T10:32:00.000-08:002014-12-19T13:40:34.259-08:00Rivage 1<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2dbq1LFKyx4UaYCdOa_9_0qLfUVMW0TcPwck3crJYuRNRyGhcmI_u-fPyRWYVoLXjHcMDrlAxVYMihZXdoGPwgwmdnhrSzqMXn0NsgN81A8QlkUG1OFzBZgfQ1MKI8tSNHPzdgcItLUY/s1600/CASE+1.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg2dbq1LFKyx4UaYCdOa_9_0qLfUVMW0TcPwck3crJYuRNRyGhcmI_u-fPyRWYVoLXjHcMDrlAxVYMihZXdoGPwgwmdnhrSzqMXn0NsgN81A8QlkUG1OFzBZgfQ1MKI8tSNHPzdgcItLUY/s1600/CASE+1.JPG" height="266" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">29 septembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Rappelons que le quartier a connu son essor en pleine révolution industrielle. Les industries ont toujours choisi de s’installer à proximité des voies de communication (fleuve et voie ferrée) afin de réduire les coûts de transport de leurs marchandises; et c’est autour de ces usines que furent bâtis les premiers logements pour les travailleurs. [...] C’est ainsi que près des 2/3 des habitations du quartier, soit 65,5%,
sont situées dans le secteur sud, délimité par le fleuve et la voie
ferrée. De ce nombre, 77,7% ont été construites avant 1946. [...] Au fil des ans, la construction qui se concentrait autrefois dans le
secteur sud s’est graduellement déplacée vers le secteur nord, plus
particulièrement le secteur nord-est où 71% des habitations ont été
construites après la Deuxième Guerre mondiale ». </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré d'<u>Hochelaga-Maisonneuve. Portrait 1984</u> de l'Atelier d'Histoire d'Hochelaga-Maisonneuve, Montréal : AHHM, p. 30-31.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-59545195645512009992014-11-24T10:34:00.000-08:002014-12-19T07:48:51.485-08:00Rivage 2<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimeY2FGHu3Ued9TPcrPYIA-Q0nr9EjbxnGRQAOoCQ0lGp7__ctS-87j15m__eokInnP5csypu3a-0CQRRvra7gXl2x1owdG2Yk3vSFMEmVNMvcVAHAgbvLev4VsI2I3_MdFRivdFOJtns/s1600/CASE+2.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimeY2FGHu3Ued9TPcrPYIA-Q0nr9EjbxnGRQAOoCQ0lGp7__ctS-87j15m__eokInnP5csypu3a-0CQRRvra7gXl2x1owdG2Yk3vSFMEmVNMvcVAHAgbvLev4VsI2I3_MdFRivdFOJtns/s1600/CASE+2.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">29 septembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Soulignons que les efforts de revitalisation urbaine déployés depuis plusieurs années dans Hochelaga-Maisonneuve se heurtent souvent à un problème d’image et donc de perception. En effet, à tort ou à raison ce quartier a souvent une image négative auprès d’une partie de la population montréalaise. Cette situation ne favorise pas la venue de nouveaux ménages actifs intéressés à s’établir dans le quartier et à le dynamiser. À cet égard, le réaménagement de la rue Notre-Dame en boulevard urbain pourrait contribuer à changer les perceptions et servir le développement de Hochelaga-Maisonneuve. Dans un contexte où des quartiers montréalais semblent atteindre un niveau de saturation, Hochelaga-Maisonneuve a beaucoup à offrir. Dès lors, sa situation privilégiée à proximité du centre-ville de Montréal, son accessibilité améliorée par des infrastructures routières bonifiées et l’amélioration de ses équipements récréatifs sont autant d’éléments permettant à ce quartier au passé prospère d’opérer un véritable repositionnement comme milieu de vie attrayant et de qualité. La réduction du nombre de bâtiments barricadés, la baisse des reprises d’immeubles par les institutions financières, l’ouverture de nouveaux commerces et la diversification de l’offre résidentielle sont autant de signes qu’un changement structurel semble s’opérer dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve ».</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré des <u>Mémoires déposés lors des audiences publiques locales : réaménagement de la rue Notre-Dame quartier Hochelaga-Maisonneuve juin 2000 : rapport des audiences publiques locales du Collectif en aménagement urbain Hochelaga-Maisonneuve</u>, Montréal, 2000, p. 3.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-57875993577566939372014-11-23T10:35:00.000-08:002014-12-19T13:40:46.281-08:00Rivage 3<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy0GMfgn9k7DsJ-HorvXrJIJaqJuTd8DSl4ri_w12gY3QBifl3VyQI-MAK5VGriFeGyN-ZOpUpQ_B44ZNENM5ZAhR6YfglUF50rFwqRPklvgtA10uTvHQPmp8jobf1mSIosubIxq5yGBA/s1600/CASE+3.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiy0GMfgn9k7DsJ-HorvXrJIJaqJuTd8DSl4ri_w12gY3QBifl3VyQI-MAK5VGriFeGyN-ZOpUpQ_B44ZNENM5ZAhR6YfglUF50rFwqRPklvgtA10uTvHQPmp8jobf1mSIosubIxq5yGBA/s1600/CASE+3.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">29 septembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« J'voudrais pas ête un casseux d'veillée mais astheure qu'on est du grand monde qui sait lire, j'voué vraiment pas squ'y aurait d'inconvenant à rendre la chose publique : Montréal ça exisse pas! L'Esse non plus! Cé des fictions ça. Toutes dé-z-inventions. Ch'pourrais pas l'jurer, mais j'ai comme l'impression que Montréal cé-t-une ville qui a été imaginée par les gences dla campagne. [...] Le plus drôle cé qu'chez eux diousqu'y d'venaient, y pouvainet pas marcher un mille sans avoir l'impression de changer de pays. Cé la même chose à Montréal avec la seule différence qu'lé pays sont encore plus ptits. Des fois cé même pas un quartier, même pas une paroisse. Des fois, cé jusse un boutte de rue. C'est rempli de frontières une grande ville. Y en a presque autant qu'y a d'lumières rouges. [...] S'comme l'Esse pour un gars d'l'Esse, cé jusse quand y va dans l'Ouesse qu'y commence à s'douter qu'ça pourrait exister ».</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de « Bouttes de rues » de Jean-Claude Germain dans Robert Guy Scully (dir.), <u>Morceaux du Grand Montréal</u>, Saint-Lambert, Le Noroît, 1978, p. 79.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-4658648397799668652014-11-22T10:37:00.000-08:002014-12-19T13:43:20.289-08:00Rivage 4<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPaBFCoOdc7Rp1P7E1yPbUToeb6HFLdt4Br6tfLoJLtqhCVmRyQU9E-ASd8val-IsV8M-QD7AvLGN4Nk9SHhOj7vGRiuGHwk7ZfaMkuTIxgwJfRAvel1Wuh-UgZy6n5mWUnDqADl4l5y4/s1600/CASE+4.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPaBFCoOdc7Rp1P7E1yPbUToeb6HFLdt4Br6tfLoJLtqhCVmRyQU9E-ASd8val-IsV8M-QD7AvLGN4Nk9SHhOj7vGRiuGHwk7ZfaMkuTIxgwJfRAvel1Wuh-UgZy6n5mWUnDqADl4l5y4/s1600/CASE+4.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">29 septembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Les longues heures de travail ne les empêchent pas de se réunir en foule le dimanche au stade, situé à l’emplacement actuel du parc Ovila-Pelletier. Leur équipe de crosse, le National, remportera le championnat mondial en 1910. Mais peu à peu, le hockey supplante la crosse et on assiste nombreux aux premières parties des Canadiens à la patinoire du Jubilée, angle Marlborough et Sainte-Catherine. Celle-ci avoisine la gare Moreau, terminus du Canadien Nord qui traverse d’est en ouest Hochelaga-Maisonneuve depuis 1896. L’été, la visite du parc Riverside, situé à l’angle des rue Notre-Dame et Pie IX, offre un grand attrait. L’air du fleuve rappelle la campagne; les activités de toutes sortes y font oublier la grisaille des usines »</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de <u>Pignons sur rue, les quartiers de Montréal</u> de Michèle Benoit, Montréal, Guérin, 1991, p. 125.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-31166499358712192512014-11-21T10:37:00.000-08:002014-12-17T08:20:39.901-08:00Parc Préfontaine<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">
</span>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLfB2VLzgZAA69D_C-z149E0QdDHx23SnTkBwhn15Nkzs9Gu6eZbr5TK06zxsEP221o7vFV8zNjv9ARf-OmxZRIBoyspR0HBr2K972vSbQ_nG7Qtc-0ICrLbQcoPEhdYBPBdpyd1yojdg/s1600/diagonaleparcpre%CC%81fontaine.tiff" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLfB2VLzgZAA69D_C-z149E0QdDHx23SnTkBwhn15Nkzs9Gu6eZbr5TK06zxsEP221o7vFV8zNjv9ARf-OmxZRIBoyspR0HBr2K972vSbQ_nG7Qtc-0ICrLbQcoPEhdYBPBdpyd1yojdg/s1600/diagonaleparcpre%CC%81fontaine.tiff" height="225" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La grande diagonale qui mène au marché Jean-Talon - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Il y a au moins un million cent soixante et onze mille trois cent cinquante-cinq personnes qui te traverse chaque jour, ô Parc Préfontaine, pour entrer dans les profondeurs de la bouche chaude de ta station. Mais aujourd’hui, je fais le chemin inverse puisque je te transperce de l’extérieur avec mes souvenirs de grande fille qui n’a maintenant plus peur de franchir la partie ouest de Saint-Laurent. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Je te passe à travers, par ta diagonale façonnée par le pas obligé de tes marcheurs et je revis ce sentiment de distance, cette respiration du nulle part au-dessus du smog, loin des rumeurs des rues Ontario et Sainte-Catherine. Je sens encore la bouette qui te caractérisait tant, ô parc Préfontaine, et qui est disparue au profit de ta revitalisation en asphalte. Tu te moules maintenant aux briques rouges de vie de famille rangée des duplex de la côte qui te borde avec ses services de proximité à échelle humaine permettant un accès immédiat aux autres secteurs de la ville. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Quand je t’arpentais en sens inverse, ton sentier oblique voulait me mener au bout du monde, jusqu’au marché Jean-Talon de mon futur et ses petits cafés de circonstance. J’entrevoyais l’exotisme d’une vie à venir derrière l’écorce verdâtre des arbres fanés où les « je t’aime » rayés par les pauvres d’amour se posaient la question du devenir de mon habitus. Dans l’ombre de mon visage se dessinaient mes lèvres maladroitement peintes du violet d’un bâton de rouge acheté en cachette à la Papeterie de l’Est avec le désir de cacher cette petite fille qui vivait en silence. Je barbouillais ainsi l’espoir d’être reconnue comme quelqu’un qui a influencé quelque chose dans l’histoire de l’humanité.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRMGVeKBRf-ZrG27l2nBs_6Xgd8mAmCNW5zZ5_hCqKs84qYpZGYgVMhJyng6ba56qlwzq6cIVl69FRu7I668a96UBVCh4c3Dskl_kXoS1tXj7DCg-aIz6l80n5B5y_jnZCFvfe4wr4ybI/s1600/DSC_0276.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRMGVeKBRf-ZrG27l2nBs_6Xgd8mAmCNW5zZ5_hCqKs84qYpZGYgVMhJyng6ba56qlwzq6cIVl69FRu7I668a96UBVCh4c3Dskl_kXoS1tXj7DCg-aIz6l80n5B5y_jnZCFvfe4wr4ybI/s1600/DSC_0276.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">3 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Par la gauche, je voyais tes modules de jeux beige-turquoise-rouge qui répondaient à ceux du parc Edmond-Hamelin dans le bas de la ville et les mots en dilettante gravés au Crayola par les conquistadors des tourniquets et des kaboums,</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">I love Bruno T. de Rox G.,</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Mélissa s’tune crisse de conne,</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Martin est pédé.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Comme des échos de cour d’école, ces petits éclats de haine brisaient la sécurité de tes bosquets, ô Parc Préfontaine, alors que tu étais le seul refuge auquel j’avais accès puisqu’en ton gazon, ne reposait guère les dangers de tes frères de voisinage. Ton gardien, un itinérant bien veillant qui passait la nuit sur un de tes bancs, s’assurait de ramasser tout ce qui pique et tout ce qui coupe pour conserver son plaisir de nous voir te visiter en toute sécurité.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrQwsHzGFbi-VHp4EZ3IEurJDjOMD69T9YTwP7CSp5VKXwL8FZQB6x0FjGm-zpIlnaCzLGYlUf6JwlRdv-G8t2ovaDDtB_sgQbnWhaxgevgNLEJubjtO1f_ssQ1-ydfhvwiH0P-lw_dHA/s1600/DSC_0369.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrQwsHzGFbi-VHp4EZ3IEurJDjOMD69T9YTwP7CSp5VKXwL8FZQB6x0FjGm-zpIlnaCzLGYlUf6JwlRdv-G8t2ovaDDtB_sgQbnWhaxgevgNLEJubjtO1f_ssQ1-ydfhvwiH0P-lw_dHA/s1600/DSC_0369.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">1er décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">En repassant devant son banc, toujours au garde-à-vous devant l’aire de jeux, je me l’imagine encore couché, avec un bout de carton en guise de paillasse. Il reprend des forces avant d’aller arpenter de long en large la rue Ontario pour ramasser ses cennes devant le Subway et pour passer le temps avant que tourne onze heures et demie. C’est le moment où il peut enfin s’asseoir sur un des stools de Chez Clo, attablé au comptoir avec un menu tout inclus pour trois dollars quatre-vingt-quinze.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpSUdVGqY9KfXDeQMgmR_uOActSGmYF1IsFPvkjzJVK3z7ykLUALyGT1upT4VK7fZqamC23NNCzZQiywUKmw-6PFXvWWwrZlo_M4urxRVmeMp0AhYyTcb29Mh5qKSmobfbmTOGqiMm748/s1600/DSC_0264.JPG" height="214" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="320" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">3 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">À droite, un souvenir me happe au niveau de ton espace dégagé où règnent maintenant tes tables de pique-nique et tes jeunes couples de hipsters qui se lancent le frisbee une dernière fois avant que l’été disparaisse. Des braillages d’enfants remontent en moi, des images de genoux en sang et des échardes plein les doigts après être montée trop de fois dans ton échelle de bois. Des bleus partout sur les jambes et les bras pour s’être lancée tête première dans ta glissade d’aluminium pleine d’ecchymoses d’usure et de plaisir sans borne. Mais surtout, la réminiscence d’une ombre, d’une jeune fille qui parlait toujours un peu trop fort parce qu’elle n’arrivait jamais à se faire entendre dans son monde de party et de bières qui se débouchent ad vitam aeternam. Avec ses yeux rieurs, et ses cheveux en bataille, elle prenait un malin plaisir à me traîner chez toi, ô parc Préfontaine, pour que l’on se cache dans tes escaliers de béton en imitant les gestes de nos mères et grands-mères fumeuses en ayant, pour remplacement, des crayons HB et la fumée de notre haleine des jours rafraîchis. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrcAlfA4JFpwCzZ4O5o-5FLZg7dSTh_3wt1PP-lWOgkbRVVHMVhkz2_SFlJ96sQPreFs_IBp_DG_HlApszVWDynGco7s6I2lP7Jp051n-d_Z8-MN0ICxkSvXD88inPeRNRvg0iBA9DoKc/s1600/DSC_0268.JPG" height="214" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="320" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">3 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Un peu plus loin, d’autres te foulent avec des vieilles mitts de baseball pendant que les chiens te pissent dessus. Des balles revolent en dehors de tes clôtures pour rebondir jusqu’au stationnement du Poulet Frit Kentucky dont l’odeur vampirise celle de tes feuilles mortes. Des classes de gym font semblant de courir en rond pendant que les souliers se trempent au contact de ton lac qui se forme constamment derrière le marbre après les pluies diluviennes. Ô parc Préfontaine, je vois encore les yeux de mes condisciples de camp de jour qui s’ouvrent devant mes lunchs trop garnis et qui ne sont pas de taille devant leurs sandwichs pain blanc-moutarde-baloney. J’entends encore les réprimandes de ma mère à qui j’avouais avoir tout partagé. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Je me souviens avoir appris à mentir dans ta barboteuse de ciment pour donner des biscuits à mes amies pendant qu’elles se désaltéraient les chevilles en attendant que la journée passe. La fontaine d’eau continuait à gicler jusqu’à temps que le shift soit terminé pour la sauveteuse fatiguée d’être devant une métaphore de lavabo où les ados en quête de divertissement ne faisaient que chercher le nouveau truc pour l’agacer. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXFkivtcn3YpN2rXvmVlc1qAn3uNjZUmITIcxfgpZGK-NTxVOnG39CwKYa5Yz6RxjX1vvCeccvGZa9TGxfAGbzSyEzUs6eunUvGgizczc2NXy0hNM2Z9XwH86pnrZPx9onLvq5U7z0GNA/s1600/DSC_0353.JPG" height="214" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="320" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">1er décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Au loin, d’autres te roulent dessus, ô parc Préfontaine sur les setups homemades de ton skate park en sortant leurs best tricks de compétition pour les après-midi de mongol. Pendant que les plus vieux vont acheter des grosses bières pour la gang, les nouvelles recrues espèrent bientôt être à la place des boys qui pratiquent leurs<u> </u>huge bigflips sans se péter la yeule. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">La lumière disparaît sur tes édicules, ô parc Préfontaine et j’entre de nouveau dans tes profondeurs pour aller rejoindre l’ouest du soleil qui se couche. En descendant l’escalier roulant, j’ai la vision d’une dernière scène en forme d’uniforme scolaire. Des jeunes filles affolées se réfugient dans le dépanneur du métro pour acheter des jujubes surettes à cinq sous avec l’intention d’effacer le mirage du pervers à l’imperméable qui s’ouvre sur un membre rose et luisant. Son sourire vicieux flotte encore dans l’air lorsque je m’assois dans le wagon, carnet de notes à la main. </span></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-51037268954514886182014-11-20T10:40:00.000-08:002014-12-19T13:43:28.720-08:00Rivage 5<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgauEelODJDeXW5fEIFlpcjPgbL4oBrqTzJddkeI_BH2XztiEnKonSBwdYadVymTM51uoV9tegq9EF6PQnAHY-g2yDgL4WLNytFqX8-sOwSXu9YRKeoJLlyUMfPaAMyfkaKhGhOffF8EGk/s1600/CASE+7.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgauEelODJDeXW5fEIFlpcjPgbL4oBrqTzJddkeI_BH2XztiEnKonSBwdYadVymTM51uoV9tegq9EF6PQnAHY-g2yDgL4WLNytFqX8-sOwSXu9YRKeoJLlyUMfPaAMyfkaKhGhOffF8EGk/s1600/CASE+7.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 octobre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Un quartier d'enfance dans la bouche / ne recommence pas le monde / non plus que les mots la langue. / La langue dans la bouche tourne / sur elle-même comme la terre / toute entière dans le silence. / Le monde est une ellipse recommencée / jusqu'à l'extinction des feux / l'absence prochaine de tout mouvement. / Il n'y a pas de limite à l'espace / d'un quartier non plus qu'au temps présent / où le poème rejoue exactement le monde » .</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de « Comme de la viande à des chiens » de Marcel Labine dans <u>Le pas gagné</u>, Montréal, Les Herbes rouges, 2005, p. 101.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-10726154047340668242014-11-19T10:38:00.000-08:002014-12-19T13:44:49.016-08:00Rivage 6<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidMjIgoG9hUClSHWnNfsBkRRZQ1O-qt3dCUeDVE0AchVec4uKjp37URHTtw2sFuoHoEI5HAAAOT5uYRSJZJSp2Mo0_iFRYCYNTaTV1LrMVc4Ujv7k3Ca9x6hMigyOFtcPO_QE4PkoBUko/s1600/CASE+5.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidMjIgoG9hUClSHWnNfsBkRRZQ1O-qt3dCUeDVE0AchVec4uKjp37URHTtw2sFuoHoEI5HAAAOT5uYRSJZJSp2Mo0_iFRYCYNTaTV1LrMVc4Ujv7k3Ca9x6hMigyOFtcPO_QE4PkoBUko/s1600/CASE+5.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 octobre 2014 - Poutine Gracieuse</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">«
Les policiers sont là pour des niaiseries. Ils ne sont jamais là pour
les choses importantes, ils se promènent. Ils sont là pour t’écoeurer,
pour les petites conneries que tu fais. Quand il y a des gars qui se
font attaquer, ils ne sont pas là. Pour les gars qui se promènent nus,
ils ne sont pas là ». </span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de <u>C'est bon d'en parler, des enfants du quartier Hochelaga-Maisonneuve prennent la parole </u>par Luc Bégin (dir.), Montréal, Hôpital Sainte-Justine, 1998, p. 40.</span></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-54132981731468469492014-11-18T10:38:00.000-08:002014-12-19T20:06:55.419-08:00Bowling Darling<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtf3yLc1BX1b2b1ar4PGrHA_qtQrRTj-vDu9PCZeuXFpQ_gbu_xGdIcWA1Y5sVU-j_CxGwoSLWFce7Z3bPf7kldqtDND1eC0sMlNEXYzdi9ht-u-s9RQrc_IadO4xJ5e2qz46XbyJ-4vE/s1600/bowlingdarling.tiff" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtf3yLc1BX1b2b1ar4PGrHA_qtQrRTj-vDu9PCZeuXFpQ_gbu_xGdIcWA1Y5sVU-j_CxGwoSLWFce7Z3bPf7kldqtDND1eC0sMlNEXYzdi9ht-u-s9RQrc_IadO4xJ5e2qz46XbyJ-4vE/s1600/bowlingdarling.tiff" height="220" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Bowling Darling, fier voisin de l'Économusée de l'Au-Delà - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/9clXZcqZTE4?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Dans l’antre des boules qui roulent du Bowling Darling, la paix règne, contrebalançant les « ostis de tabarnak » des gars chauds du Davidson et des Patriotes. Ceux-là, ils ne se gênent pas pour réveiller tout ce qui dort sur Ontario à chaque fois que trois heures du matin revient de son tour de cadran. Mais les murs du Bowling sont assez épais pour que le néfaste et le pernicieux restent en dehors. Comme un bunker d’amour, les vingt-quatre allées forment un refuge pour les vieux chums de longue date qui s’échangent, en douceur, des tapes d’encouragement à chaque bon coup. Si en dehors, on communique à grands coups de poing sur la yeule, ici, on y va plutôt de grâce et d’huile de poignet pour se rassurer que tout va bien.</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Des couples d’adolescents se frenchent à moitié couchés sur les bancs de plastique turquoise et beige en attendant que le temps passe. Les kids de la Maison des Jeunes essaient de ne pas pogner de dalots pendant que deux fillettes s’isolent dans un coin en se faisant la promesse d’être amies pour l’éternité en échange de bracelets de fils tressés. Des femmes d’âge mûr font des tours de piste en dansant sur <b><a href="https://www.youtube.com/watch?v=ZBR2G-iI3-I" target="_blank"><u>I Will Survive</u></a></b>. Leurs hauts en paillette reflètent sur le miroir des boules disco pendant que les coiffures montées au spray net ne suivent pas leurs mouvements. La barmaid décapsule deux Budweiser et fait un sourire en passant devant le lonesome cowboy qui vient toujours jouer sa partie le mercredi soir après sa job. </span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjp4GB6jzKBOGoD5jLK0B8Y_nyavLa0kz2J2TKuUQnsD9FHkLJ318_f9AZeEAg-5m4aV-XDPenXrb7Jkt3QcZOhLlTerODA4jAQYt-k15NbLpRmOnB42qkdF-gO4OP6XMWW1ElnJREXirU/s1600/DSC_0418.JPG" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjp4GB6jzKBOGoD5jLK0B8Y_nyavLa0kz2J2TKuUQnsD9FHkLJ318_f9AZeEAg-5m4aV-XDPenXrb7Jkt3QcZOhLlTerODA4jAQYt-k15NbLpRmOnB42qkdF-gO4OP6XMWW1ElnJREXirU/s1600/DSC_0418.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">3 décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">En plein milieu de la salle, un petit gars mange des crottes de fromage jusqu’à avoir la face à moitié barbouillée d’un orange éclatant. Il saute partout pour exprimer sa fierté devant les quelques quilles qu’il a réussi à faire tomber. Son père, assis en retrait, sourit en silence. Des ridules dans le coin de ses yeux laissent deviner que la fin de la vingtaine commence à le rattraper. Il sourit devant le bonheur facile de son fils, mais au fond de lui, une inquiétude subsiste que le réconfort du Bowling Darling ne parvient pas à estomper. Il sait que son fils ne va pas bien, qu’il risque fort probablement de redoubler sa quatrième année parce qu’il n’arrive pas à se concentrer. Il le sait, mais il ne sait pas comment s’y prendre pour changer les choses. </span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNMWqiUdKZLLMfe7komtZPE8p0jozGfHFQvwYPboaazfmIGf2wFQhTtGjIPuaLgGSfcjR5d28-RAOkOYvCpa6IR5wUOq3g0ihaVvYvSYjRCp-2Ug8EPmjWN8dyPIB0_KUtU_5v7vqM0oc/s1600/DSC_0432.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjNMWqiUdKZLLMfe7komtZPE8p0jozGfHFQvwYPboaazfmIGf2wFQhTtGjIPuaLgGSfcjR5d28-RAOkOYvCpa6IR5wUOq3g0ihaVvYvSYjRCp-2Ug8EPmjWN8dyPIB0_KUtU_5v7vqM0oc/s1600/DSC_0432.JPG" height="320" width="214" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">3 décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Il sait qu’il aimerait faire plus, mais que c’est vraiment difficile avec ses deux jobs de nuit, de s’occuper plus souvent de lui. Il commence tout juste à se refaire depuis qu’il a arrêté de consommer et il ne peut pas se payer un logement plus grand pour lui faire une chambre, une belle, avec des posters de super héros et une couverture des Canadiens pour mettre sur son lit. Il peut juste lui offrir le Bowling Darling, une fois de temps en temps, avec des pogos et des crottes de fromage. C’est sa meilleure façon de lui dire qu’il l’aime. Quand son fils sera plus grand, il sera peut-être capable de lui expliquer tout ça, mais pour le moment, il lui procure un petit baume, certains soirs du mois, quand il arrive à mettre quelques piastres de côté.</span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMj2_xufZWD57zI3YwMjJNrx5m30OSio1QL_9aT787FraaiU8OX4wG5GIGVkAyg0DsFlkvh8p5pmnZEa0UkpGQuaM64OairA-xlzrOJ_HnnHA6joOpO8y8WhTvMDlc-n09PC4u5wKVLA4/s1600/DSC_0436.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMj2_xufZWD57zI3YwMjJNrx5m30OSio1QL_9aT787FraaiU8OX4wG5GIGVkAyg0DsFlkvh8p5pmnZEa0UkpGQuaM64OairA-xlzrOJ_HnnHA6joOpO8y8WhTvMDlc-n09PC4u5wKVLA4/s1600/DSC_0436.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">3 décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Le petit garçon éclate d’un rire strident. Malgré ses deux essais, il n’est pas arrivé à faire tomber une seule quille. Son père sourit de nouveau. Il est toujours impressionné par le courage de son petit bout d’homme qui n’en vit pas de facile et qui s’émerveille devant des petits riens. Il se demande ce que ça fait que de grandir dans Hochelaga alors que lui, il a passé son enfance à courir dans les champs de Saint-Félix-de-Valois avec son chien Buddy et ses frères plus vieux. Il aurait tellement aimé lui offrir ça, ça pis une famille qui s’aiment pour vrai sans claque sur la gueule à chaque fois qu’il y a quelque chose qui ne fait pas l’affaire. Malheureusement, ce n’était pas le grand amour avec sa mère et on ne peut pas forcer ça. </span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Il s’était embarqué un peu trop vite avec cette fille qu’il avait croisée deux ou trois fois au El Jumelgi - juste en haut du Bowling - et dont il était, rapidement, trop rapidement, tombé follement amoureux. Elle était l’image, le symbole, le dessin de celle qu’il s’était toujours imaginé, dans ses rêves les plus fous, tenir dans ses bras, dans un lit confortable, loin d’Hochelaga. Quelques mois d’amour et un accouchement plus tard, elle lui avait crié par la tête « qu’on pouvait ben sortir la fille d’Hochelaga, mais pas Hochelaga de la fille » et qu’elle redéménageait en ville avec ses cliques, ses claques et son gars. Elle était retournée vivre chez sa mère et elle le faisait dormir dans le même lit qu’elle, en empilant ses jouets jusqu’au plafond dans sa petite chambre de la rue Dézéry. Le soir, elle travaillait comme serveuse à La Québécoise et après ses shifts, elle essayait de se faire payer des drinks au El Jumelgi. Quand ça ne fonctionnait pas, elle dépensait ses tips et rentrait un peu plus tôt, en trouvant sa mère endormie devant la télé du salon et son gars qui criait à s’en défoncer les poumons avec les p’tits bums de la ruelle.</span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Depuis une couple de temps, elle avait remarqué que son gars avait changé. Il était plus rough, ses notes baissaient et il ne voulait plus lire ses bandes dessinées comme avant. Elle en avait parlé au père la dernière fois qu’il était venu le chercher pour l’amener au Bowling. « Essaie donc de lui parler, y’est pu comme avant », lui avait-elle lancé dans le cadre de porte, « parce que, toé, il t’écoute ». </span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Ça lui revient à l’esprit quand il se décide à sortir de ses pensées pour lancer un regard vers l’allée treize où son gars vient de finir sa partie. « Papa, papa, j’ai eu 80, j’ai eu 80 », dit-il en se lançant dans les bras de son père. « C’est bon mon gars, tu t’en viens meilleur, t’es en train de me battre là ! ». Il lui caresse les cheveux avant de lui tendre son manteau, signe que la soirée tire à sa fin. </span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">« Ah non, pas tu suite papa, j’veux en faire une autre ! » </span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">« Pas à soère, mon gars. Faut que j’m’en aille travailler là. »</span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">« Tu peux pas m’amener ? T’avais promis que tu m’amènerais ! »</span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">« Pas à soère, mon gars. J’ai promis que je te ramènerais à ta mère. Mais ben vite, m’a t’amener avec moé su’ ma déneigeuse pis tu vas voir comment c’est l’fun ».</span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Ils quittent main dans la main le Bowling Darling en disant au revoir à la ramasseuse de souliers qui commence à les reconnaître à force de les voir venir ensemble les mercredis soirs. Sur le chemin vers la rue Dézéry, le père et le fils se lancent des balles de neige en riant aux éclats. Rendus dans les escaliers de l’appartement de la grand-mère, ils pensent chacun en silence que le temps passe trop vite. Le père commence déjà à redescendre avant que la porte s’ouvre sur son rêve éteint. Il sait qu’une longue nuit de pensées et de remords l’attend dans l’habitacle frette de sa déneigeuse.</span></span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">En se couchant dans le lit de sa mère, le fils se dit qu’il a passé une mautadine de belle soirée. Il se trouve ben ben chanceux d’avoir un père qui ferait toute pour lui, qui irait jusqu’à lui décrocher une lune en forme de boule de bowling. Y’est tout le contraire du père de son meilleur ami qui ne se gêne pas pour donner des coups de pied à son fils même devant lui. En plus, il faut toujours que son ami aille le chercher à la taverne Davidson quand sa mère sait qu’il est en train de flamber sa paye en bocks de bière cheaps. Son père à lui, y’est pas parfait, mais y fait pas juste lui donner des affaires pis lui payer des crottes de fromage au Bowling. Il sait qu’il l’aime ben ben fort.</span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-43277436358716340132014-11-17T10:39:00.000-08:002014-12-19T13:45:00.470-08:00Rivage 7<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSUU8nkFQG6jzimJ-IhwYkoWwQoYUoo0MPrY7pnVrk-9_-jB5owXhkd4QHh764mN7IzgOFXhhOcCe7pf3zN-ecA0fVaf8DBzm5NIQ1oXxbD9JlAkj-sdS4-2Rr1xLLNxdF8r_rg2YQPFM/s1600/CASE+6.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiSUU8nkFQG6jzimJ-IhwYkoWwQoYUoo0MPrY7pnVrk-9_-jB5owXhkd4QHh764mN7IzgOFXhhOcCe7pf3zN-ecA0fVaf8DBzm5NIQ1oXxbD9JlAkj-sdS4-2Rr1xLLNxdF8r_rg2YQPFM/s1600/CASE+6.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 octobre 2014</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« j'écris sur la lisière de la piste / ta lenteur est si belle / à venir tant tu la caresses / comme une haleine j'écris / Notre-Dame ignore le rêve / vague des sucs lointains sous ton nom / le ravissement des layons / demeure ta plus / effective marque »</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de <u>Homa sweet home</u> de Patrick Lafontaine, Montréal, Le Noroît, 2008, p. 22.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-67601437430629804962014-11-16T14:25:00.000-08:002014-12-19T18:42:46.614-08:00Le Davidson Lunch<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF3fs8ZM6xkkqYCVVgzR-6W0Nwwi9FQ1h61cG5O8thtlOJckyI80sDpwdCejDGpApvwb7M-8OAfnK2kk9Ubrlw9EvEJD5TTMi1W6kjfivVbW1sp5NN13hYrFsqNFapeu4k43_788PLMu0/s1600/ledavidsonlunch.tiff" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF3fs8ZM6xkkqYCVVgzR-6W0Nwwi9FQ1h61cG5O8thtlOJckyI80sDpwdCejDGpApvwb7M-8OAfnK2kk9Ubrlw9EvEJD5TTMi1W6kjfivVbW1sp5NN13hYrFsqNFapeu4k43_788PLMu0/s1600/ledavidsonlunch.tiff" height="396" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Davidson Lunch, à deux pas des Patriotes et du Bar Davidson - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Une fin d’avant-midi comme bien d’autres. Un ciel gris. Les marcheurs de la rue Ontario vont casser la croûte le dos voûté et le collet de manteau remonté. Le temps se rafraîchit, mais la porte du Davidson Lunch est encore toute grande ouverte.<br /><br />À l’intérieur, il y a déjà eu plus d’action. Des tables beaucoup plus remplies. Des effluves de beurre à l’ail, de London steak, de Surf and Turf, comme des traces de souvenirs immortalisés à tout jamais dans le tissu des banquettes en plastique bourgogne où les fêtards venaient éponger la bière en sortant d’un des quatre bars à proximité. Pour le moment, c’est plutôt une odeur de café et d’eau de javel qui m’invite à m’asseoir.<br /><br />Je choisis la table la plus près de la sortie avec vue sur la rue. J’ai à peine le temps d’enlever mon manteau que la serveuse vient à ma rencontre. Elle à l’air contente de me voir parce qu’outre mon voisin de derrière, le restaurant est complètement vide. <br /><br />« Salut ma belle ! Est-ce qu’on sait ce qu’on va prendre ? » Comme mon ombre et moi, on ne sait pas ce qu’on va prendre, on demande un menu. On a malheureusement perdu l’habitude de ce restaurant qui auparavant, rythmait notre quotidien jusqu’à connaître toutes les pages du menu par coeur. Du hamburger steak à 4,95 $ à la lasagne gratinée au four pour 6,95 $ en passant par les cuisses de grenouille à 9,95 $, on connaissait tout et on avait goûté à tout jusqu’aux tortellinis sauce rosé des bons soirs et les morceaux de gâteau forêt noire oubliés par des fêtards trop pressés d’y retourner.</span></span><br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrE1_itHM0D3xbkRHh0vtBVn8neXg80hF6cIANhIai_q8kWYJ2HKs-PiQu5-6_-r_M90P1z4dRzXsD8HeMZxbUr7z-lRmf6ufCeMWG84tVTbEQDC_ujR7dSF7Wj7hrA1jERWisMRHFgOM/s1600/davidson-1.jpg" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrE1_itHM0D3xbkRHh0vtBVn8neXg80hF6cIANhIai_q8kWYJ2HKs-PiQu5-6_-r_M90P1z4dRzXsD8HeMZxbUr7z-lRmf6ufCeMWG84tVTbEQDC_ujR7dSF7Wj7hrA1jERWisMRHFgOM/s1600/davidson-1.jpg" height="320" width="224" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carnet de notes - Octobre 2014</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"> Diane, la serveuse, me glisse un menu entre les mains, un menu qui a perdu ses feuilles et son classement hiérarchique des plats. Il se compose maintenant que de deux pages recto-verso entrecoupées d’images géantes représentant la cuisine américano-italo-greco-canadienne de la maison. J’y cherche quelque chose qui pourrait bien faire honneur aux deux cuisiniers pakistanais qui ont l’air de trouver le temps long, occupés à nettoyer le comptoir de stainless à une fréquence métronomique. Mais un gyros fera l’affaire. C’est d’ailleurs une des spécialités de tous ces restaurants qui à l’image des diners américains, proposent des menus relativement uniformes qui plaisent à l’estomac de l’occidental moyen ne souhaitant pas révolutionner ses papilles ni faire un trou dans son porte-feuille. Et vu la transformation de la viande en jeu, je ne risque pas beaucoup. La serveuse me regarde toutefois avec un air dubitatif : « Oh, on en a plus des gyros depuis un boutte. C’est encore sur le menu, mais on en tient plus, ça se vendait pas... Je peux t’amener un pita souvlaki si tu veux. »<br /><br />Je ne connais définitivement plus les règles de ce restaurant, mais je m’en remets aux bons s<span id="goog_2049872366"></span><span id="goog_2049872367"></span>oins de cette experte du pain quotidien et de la soupe du jour, du café servi au bon moment et du verre d’eau toujours plein. Les serveuses sont dans ces restaurants de quartier, les piliers de la connaissance des modes d’usage du lieu, du bien-vivre, du bien-être et du bien manger. Mais elles sont également des rassembleuses de parcelles de quotidien et les maîtresses du qu’en-dira-t-on paroissial. </span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifMCkniK3bWcvNbzxtBG1TWqlBxxvOUA80-ygnpAIwGQML-BKcj-4XiumqIbmoxPdDFWSkmwklgv2ngyZrywtxHa1EBXRdQjvZ8N5CuKwzEr9In-lCgNpvL59tElRufU3qm9NbqM-wuBA/s1600/DSC_0388.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifMCkniK3bWcvNbzxtBG1TWqlBxxvOUA80-ygnpAIwGQML-BKcj-4XiumqIbmoxPdDFWSkmwklgv2ngyZrywtxHa1EBXRdQjvZ8N5CuKwzEr9In-lCgNpvL59tElRufU3qm9NbqM-wuBA/s1600/DSC_0388.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">1er décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">C’est avant tout auprès d’elles que j’ai appris mes premières histoires sur les phénomènes hochelagais. Elles ont été mes gardiennes, mes conteuses, mes amies et mes enseignantes. Une d’entre elles fut même, un jour, ma mère. Mais la plus marquante demeure Gigi, la défunte princesse du Davidson Lunch. Toujours sur son trente-et-un, elle servait le restaurant entier sans jamais prendre de pause, sans altérer l’arrangement de son maquillage et de sa crête de cheveux qui portait la même teinte que celle des banquettes. Le dimanche après-midi, j’étais invité chez elle, dans son humble demeure aux couleurs des Feux de l’Amour, juste au-dessus du Davidson, pour partager fromages cheaps et biscottes salées. Je regardais la télé, bien assise dans son Lazy Boy fleurit, jusqu’à pas d’heure. Je rentrais ensuite au 3412, juste en face, pour mieux y revenir la semaine suivante.<br /><span id="goog_2049872385"></span><span id="goog_2049872386"></span><span id="goog_2049872388"></span><span id="goog_2049872389"></span><br />Mon souvlaki arrive devant moi, l’odeur qui s’en dégage me rappelle celle de l’eau de Javel qui m’a si bien accueilli. « Bon appétit ! » me souhaite Diane en me demandant si j’ai tout ce qu’il me faut avant de se diriger vers une nouvelle commande. Une cliente qui vient tout juste d’entrer - une habituée sans doute - commence déjà à se plaindre tout haut avant même d’avoir pris place. « Tsé Diane, je mange des oeufs à matin, mais tu le sais que suis censée être végétarienne, tu le sais... » La serveuse note sa commande rapidement et quitte avant même qu’elle ait terminé sa phrase. Elle semble connaître par coeur ses lamentations familières et ne semble pas d’humeur à vivre des répétitions. Diane revient rapidement avec l’assiette de sa pleureuse qui, voyant don attention accessible à ses jérémiades, recommence de plus belle : « Tu le sais Diane que j’ai juste un poumon astheure, faudrait ben la fermer cette porte-là, j’ai froid pis j’ai peur de pogner quekchose encore ». <br /><br />Sans prononcer un mot, Diane se dirige vers la porte en toussant pour faire plaisir à sa végétarienne mangeuse d’oeufs. Un autre habitué qui se tenait discrètement en arrière de moi en profite pour prendre la parole. « T’es malade Diane ? T’as-tu la grippe ? ». En s’étouffant de nouveau, elle répond plutôt qu’elle a de la misère avec son asthme et que la friture du restaurant ne l’aide pas à aller mieux. L’homme solitaire s’inquiète également pour ma santé, « t’as pas frette ma p’tite demoiselle découverte comme que t’es ? ». N’ayant pas trop le coeur à engager la conversation, je lui réponds un rapide « non » tout en lui lançant un bref sourire. Je ne veux tout de même pas être impolie avec ces personnages qui ont des milliers de secrets à revendre. « Eh bien, tu es une vraie Québécoise, une vraie quatre-saisons ! ». Je me retourne vers mon assiette en me demandant si cette définition, décernée par un parfait inconnu, me qualifie bien. C’est vrai que parfois, j’ai des allures de pneus ou de chalet rénové... <br /><br />Un groupe de cinq amis entrent en même temps qu’une nouvelle bouffée d’air frais. Ils réclament du café et des déjeuners bien gras. Des lendemains de veille, c’est clair. Ils prennent tous la même chose : la plus grande assiette du menu, trois oeufs, trois viandes, crêpes et tranches de pain doré. Ils se demandent s’ils seront en retard pour le cours de quatorze heures à l’UQÀM. Pas très grave se disent-ils, ils ont tellement passé une belle soirée la veille que ça vaut le coup. Ils rêvent de partir un nouveau café dans le coin, un endroit où l’espresso serait parfait. Mon repas est terminé, il est temps pour moi d’aller chercher l’inspiration ailleurs.</span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7smdv0vBPO1MvVn3ce6o6zROibfg2XB1eHL3e1GnZFCaQbkTH6Omo_x5_HOg7HqybVcZc9MDxB-sRxhG-TdbzclbCeL1iLx2wjWDRsqGNVx1N8GHrsRJjxM-f1uniwZ58aNbPkfzdJOQ/s1600/davidson-2.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7smdv0vBPO1MvVn3ce6o6zROibfg2XB1eHL3e1GnZFCaQbkTH6Omo_x5_HOg7HqybVcZc9MDxB-sRxhG-TdbzclbCeL1iLx2wjWDRsqGNVx1N8GHrsRJjxM-f1uniwZ58aNbPkfzdJOQ/s1600/davidson-2.jpg" height="320" width="189" /><span id="goog_2049872381"></span><span id="goog_2049872382"></span></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carnet de notes - Octobre 2014</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Les temps changent ici et le Davidson a maintenant une nouvelle administration. Je n’ai pas revu Diane du reste de l’automne. Je me demande tout de même si son asthme va mieux et où je vais la recroiser la prochaine fois, à la Québécoise, à la Belle Province, au tout nouveau Double Pizza au coin de la rue Joliette ou au restaurant qui ouvrira prochainement à côté de la Papeterie de l’Est. Gigi par contre, traîne encore dans le quartier. Je l’ai revue à travers la porte du café des Alizés. Je n’ai pas eu le courage d’y entrer. </span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-2410731214828431412014-11-15T10:40:00.000-08:002014-12-19T13:46:17.036-08:00Rivage 8<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHfIU_XbdhF9PQ46JGrefcOkfklf7iIeP3PwKYjlik3hKJ-fon5EVqRiooi44scdAZd6W7Fev0iYYo4Rnl3EmIFHE4xg8gXtaMxP1zihHsOGycJbKjNTyZkGCzuAttkYFV0iaz3UdJTVk/s1600/CASE+8.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHfIU_XbdhF9PQ46JGrefcOkfklf7iIeP3PwKYjlik3hKJ-fon5EVqRiooi44scdAZd6W7Fev0iYYo4Rnl3EmIFHE4xg8gXtaMxP1zihHsOGycJbKjNTyZkGCzuAttkYFV0iaz3UdJTVk/s1600/CASE+8.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 octobre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">«
Il n'y a plus d'Indiens à Hochelaga / ' Y avait nous les gamins du
faubourg / Et nos rêves démesurés qu'on emprisonnait / Dans des bulles
de savon qu'on lâchait / Dans le ciel irisé sur les hauteurs du quartier
/ Par-dessus les cours de triage les usines / Par-dessus la barre bleue
du St-Laurent / Jusqu'à l'horizon rétréci de nos tristes vies ».</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré du poème « Il n'y a plus d'Indiens à Hochelaga » de Pierre Petel dans <u>Il n'y a plus d'Indiens à Hochelaga</u>, Montréal, Ferron Éditeur, 1968, p. 13.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-56055126684011254362014-11-14T10:41:00.000-08:002014-12-17T09:57:49.784-08:00Plaza Ontario<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqPQNYXVfshsaxMpOglM4xVNpLAtW7GdON8m1M1S1C2Z06yVgO36BijWMMonr0GZLP1zl8Wc7TsdL39Q-usrlNF_gfTE2cRdxSobrv_KAmPk70H7U3kCO1BVEUZOfGoMkePQi8MY7cWlg/s1600/plazaontario.tiff" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqPQNYXVfshsaxMpOglM4xVNpLAtW7GdON8m1M1S1C2Z06yVgO36BijWMMonr0GZLP1zl8Wc7TsdL39Q-usrlNF_gfTE2cRdxSobrv_KAmPk70H7U3kCO1BVEUZOfGoMkePQi8MY7cWlg/s1600/plazaontario.tiff" height="238" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Plaza Ontario, ancien centre commercial d'Hochelaga - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Au coin sud-ouest d’Ontario et d’Aylwin règne une grande échelle d’enseignes qui attire le regard en fendant l’horizon. En elle se charge le souvenir de la Plaza Ontario, ancien centre commercial qui regroupait une dizaine d’établissements plus hétéroclites les uns que les autres. En remontant la rue Cuvillier vers le nord, je revois les portes grillagées qui menaient, autrefois, à l’intérieur de ce refuge pour les flâneurs du coin lorsque l’air se faisait un peu plus frais. Aujourd’hui fermées à clé, ces portes s’ouvrent néanmoins sur des images imprimées dans la cire de ma mémoire et font revivre des personnages qui s’estompent maintenant dans le passé d’un quartier non pas disparu, mais en constante réinvention.<br /><br />En tournant à droite sur Ontario, je revois derrière moi, l’Éconoline rouge vin de mon père tatouée de ses grandes lettres jaunes et blanches. Ces hiéroglyphes aux couleurs de son petit commerce dont le pignon se tenait un peu plus à l’ouest faisaient la promotion de ses services d’urgence vingt-quatre heures pour réparer les ouvertures de toutes sortes en cas d’intrusion de domicile. C’était l’époque où il ne dormait que d’un oeil, au cas où on nécessiterait ses services toute de suite maintenant, dans l’éventualité où il pourrait récolter des surplus d’urgence pour nourrir le dessous du sapin, d’un coup que, d’un coup que...<br /><br />Je frôle le Jean Coutu par son flanc nord en regardant distraitement ses grandes vitrines qui étaient auparavant des scènes où on annonçait la saison à venir. On y encourageait ainsi les consommateurs à planifier leur calendrier d’achats : des chaises longues en plastique rouge revêtues d’un gigantesque soleil en carton et reposant sur une plateforme de sable pour l’arrivée du printemps, de la ouate scintillante, des sapins blanchâtres et des inscriptions de fausse neige en bonbonne dès que les feuilles des arbres prenaient des teintes orangées. Aujourd’hui, le Jean Coutu abhorre un look beaucoup plus moderne avec son revêtement aux tons de beige et ses vitrines dégarnies qui n’ont pour fonction que d’annoncer les ventes en cours : 1 $ pour trois boîtes de mouchoirs, 5 $ pour trois tubes de dentifrice et 2,99 $ pour une bouteille de nettoyant.<br /><br />Les portes coulissantes s’ouvrent devant moi en laissant derrière un camelot de l’Itinéraire qui offre son dernier numéro pour un p’tit trois dollars et une grand-mère particulièrement happée par la vie qui tire les dernières bouffées de sa cigarette assise sur le banc de sa marchette. Les portes se referment lorsque je l’entends s’étouffer une dernière fois avant de continuer sa route. Complètement éblouie par les lumières d’un blanc plus que blanc se dégageant des rangées de cosmétiques fraîchement remises à neuf, j’essaie de repérer mon chemin pour me diriger vers le fond pour trouver de tout même un ami. Je cherche, sans succès, les traces lointaines de l’entrée du centre commercial qui débouchait jadis, sur une allée de bancs où se posaient les preneurs de café perpétuels et les âmes solitaires en quête d’une bribe de conversation. Entre deux paquets de rouleaux de papier de toilette, une brèche s’enfonce dans le mur et je m’y glisse doucement afin d’y voir les reflets d’une autre vie.<br /><br />À gauche, une petite scène est dressée pour le moment où le bon temps de l’année se pointe le bout du nez. Un Père Noël tarabiscoté trône dans un costume de feutrine rouge pour poser avec les enfants du quartier qui ont été fins toute l’année. Cinq dollars plus tard, les parents repartent avec un souvenir polaroïd pendant que les petits portraits vivants sucent des cannes rouge et verte en espérant que leurs souhaits de Noël soient exaucés. <br /><br />Un peu plus loin, des vendeurs de n’importe quoi avec des étalages débordant de bébelles en plastique qui s’agitent à mon passage, installent des affiches annonçant les réductions à venir pour la folie du Boxing Day. Le fleuriste met ses plus beaux poinsettias en évidence, tout en rangeant ses plantes aux feuilles jaunies dans les rangées plus reculées, espérant attirer l’oeil du potentiel acheteur par l’éclat des fleurs rouges. Il donne ainsi l’impression que son petit commerce flétri nage dans l’abondance. Le cordonnier redonne une paire de souliers fraîchement cirée à l’épicier Lemay de la rue Darling, parfait pour les nombreux soupers de famille à venir. La femme du nettoyeur termine le lavage à sec de sa dernière robe de la journée. Il lui reste une paire de pantalons à repriser avant de rentrer pour accueillir les enfants et faire le souper.<br /><br />À l’extrémité du modeste centre commercial s’ouvre un nouvel ensemble de portes sur le IGA et ses présentoirs à moitié vides. De grandes flaques d’eau brunâtres s’accumulent entre les rangées de fruits et de légumes, résultat de la forte affluence qu’engendre l’heure du souper qui arrive d’un moment à l’autre. Un peu plus loin, une forte odeur d'ammoniac se dégage des étals de viande fraîche. Je cours entre les rangées pour retrouver la sortie en heurtant, au passage, une toute jeune fille qui est venue vendre des dizaines de canettes vides pour s’offrir une barre de chocolat. <br /><br />Une fois à l’extérieur, les grandes lettres du IGA se transfigurent en un mélange de jaune fluo et de vert sapin pour laisser apparaître l’enseigne lumineuse du Dollarama. La grande vitrine expose à ma vue des jeunes caissières, dans la fleur de l’âge, qui emballent frénétiquement les objets à un dollar au plus à l’intérieur de grands sacs de plastique blanc. La porte s’ouvre une dernière fois sur une vieille dame recourbée qui traîne de peine et de misère, son panier de commissions. Elle s’arrête un instant pour replacer le bonnet de laine blanc qui lui sert de couvre-chef avant qu’il ne tombe dans la neige brune. <br /><br />Nos regards se croisent. <br /><br />Je me retourne et reprends ma marche vers la rue Ontario. Plusieurs automobilistes tentent de quitter le stationnement au même moment. Certains s’impatientent et des coups de klaxon de plus en plus insistants se font entendre. Les piétons ne savent plus où donner de la tête. Des enfants quémandent des hot-dogs de La Québécoise. Un chien lève la patte pour uriner sur un des minces arbres qui bordent la rue. Un papier tombé de la sacoche d’une mère trop pressée se promène tranquillement dans le vent de décembre.<br /><br />Je continue ma marche, toujours un peu plus à l’est.</span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-30153377206184162372014-11-13T10:41:00.000-08:002014-12-19T13:47:27.457-08:00Rivage 9<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM7FxBaUnwkd501LWnEtLertytSMEpN9rTqjEU6_FSneoJlySvDNKdRw1dMgI_z2BS5iSRE-5t8h8Uyd-HxwmRZtFjRWP5VgVXEFsZ6zWo3GbzHr08JajQw1xUTxQuOw_AJfU5qvWk2x4/s1600/CASE+9.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM7FxBaUnwkd501LWnEtLertytSMEpN9rTqjEU6_FSneoJlySvDNKdRw1dMgI_z2BS5iSRE-5t8h8Uyd-HxwmRZtFjRWP5VgVXEFsZ6zWo3GbzHr08JajQw1xUTxQuOw_AJfU5qvWk2x4/s1600/CASE+9.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 octobre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Vous n'arrivez pas à vous rendormir. Alors vous marchez. Vous pensez à cet archéologue qui racontait que ce qu'il trouvait le plus souvent, c'était des outils et des contenants brisés, des restes de table et des restes de campements abandonnés et que son travail était de fabriquer une histoire avec des vidanges. Alors, vous vous demandez ce que les archéologues du futur pourront bien inventer à partir des nôtres et vous vous dites qu'il y a une sorte d'injustice dans le fait de faire l'histoire des hommes à partir de ce qu'ils jugent sans valeur ».</span><br />
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré du film de Bernard Émond, <u>Ceux qui ont le pas léger meurent sans laisser de traces</u>. ACPAV, Montréal. DVD, 50 min. 30 sec., son, couleur.</span><br />
<br />Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-81728876769074847152014-11-12T12:02:00.000-08:002014-12-17T10:29:06.583-08:00Tim Hortons<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh05oTmp2M0OaZ2_i1cDPaO1MiuJgWQLf1MywFOtmWTMvXwIVxlH7FTUeQj6llWHr1puUhY15e0r3g2K0uO-lWMB7pfKngwo4NZ-93CWiWTA6mPXdW-0L_VSK5W7owO8X1bxAvl16QdG1Y/s1600/timhortons.tiff" height="423" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="640" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Tim Hortons où tout Hochelaga se croise - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Revenir au Tim Hortons pour une troisième fois, m’y accrocher
toujours les pieds. Réaliser que contrairement aux cafés que je préfère,
où les lattés sont bons et l’atmosphère tranquille, c’est ici que se
croise la vie du quartier. Rentrer dans son âme comme avant.</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">***</span></span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivNdHNKd3E2FRf7_mr4jefNeBaSLAUSTiHIRatvHx8RmNm8zCxkHj6HCMZD9XamQSIhcUGBoWAFN2cv5F791rNF25sZrEzYCOamn89tfIiNI8ZSgFqxRkEgqdk4h2sjNASV2GDTUF1h6A/s1600/moietcaro.tiff" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivNdHNKd3E2FRf7_mr4jefNeBaSLAUSTiHIRatvHx8RmNm8zCxkHj6HCMZD9XamQSIhcUGBoWAFN2cv5F791rNF25sZrEzYCOamn89tfIiNI8ZSgFqxRkEgqdk4h2sjNASV2GDTUF1h6A/s1600/moietcaro.tiff" height="259" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Un (vrai) ours, Caroline et moi, 1994 ou 1995 </td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">L’endroit n’existe pas depuis longtemps, mais il transpire
l’authenticité : c’est bien connu, tout le monde fini par atterrir, un
jour ou l’autre, chez Tim Hortons. Quand j’étais jeune, le Tim Hortons
le plus proche, c’était celui l’autre bord du viaduc, en face du Sexe
Mania. Y’en avait pas dans Hochelaga. À la place de l’emplacement
actuel, y’avait un espèce de bazar de lumière et de plastique. Pis
après, un magasin d’électroménagers usagés pas cher. Pis après, plus
rien. Juste de grandes lettres fluos un peu partout sur la vitrine pour
rappeler son existence passée.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">On allait chez Dunkin Donuts à la place, en face du Jean Coutu sur
Ontario. Les beignes étaient vraiment meilleurs et ça faisait moins loin
pour prendre un café. Mon grand-père préférait aller au Valentine au
coin de la rue Joliette. Les autres traînaient à La Québécoise, Au
Davidson Lunch, à La Pataterie, Au Roi d’Ontario, à La Belle Place, Chez
Clo, Chez les Amis et partout ailleurs où le café était beau, bon pis pas cher.
Surtout pas cher.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Après la fermeture de quelques-unes de ces institutions, l’arrivée
du Tim Hortons dans Hochelaga a fait le bonheur des flâneurs quotidiens
en quête d’un endroit où se poser et étirer « un grand café deux sucres, deux
laits ». Jeunes, vieux, pauvres et riches, tout le monde va et vient
chez Tim Hortons.<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixMcYsOv1mXQ3x_Pn_caHOpXxon4sWZNJoYY9hyvFcXWRkHkZhc0OZcHUo7m2xKQCPOLGwr_59IwuPJqt2vNOZyWqwDVE5Mcou0SF_RCdZuGEIRhVB8cfAIr4Hq9KotLnQlkih1TdUTTs/s1600/DSC_0335.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixMcYsOv1mXQ3x_Pn_caHOpXxon4sWZNJoYY9hyvFcXWRkHkZhc0OZcHUo7m2xKQCPOLGwr_59IwuPJqt2vNOZyWqwDVE5Mcou0SF_RCdZuGEIRhVB8cfAIr4Hq9KotLnQlkih1TdUTTs/s1600/DSC_0335.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">16 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">C’est donc là que je reviens, en quête d’histoires et de vies
inconnues qui me permettraient de « faire lien » avec ces dizaines de
clichés d’objets et de déchets que je ne cesse de récolter à chacune de
mes visites.</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">***</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Aujourd’hui, je suis sur une scène. Neuf tables sont devant moi et une
sur mon côté gauche, où il y a quelques secondes, une transaction
semblait se dérouler.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">J’y ai reconnu ce gars que je voyais constamment sur la rue Ontario
près du Jean-Coutu et qui quêtait « un p’tit deux piastres pour manger ».
Il se faisait insistant et si on passait devant lui sans lui porter
attention, il nous interceptait. Si on ne lui donnait rien, il nous
envoyait chier tout simplement. Il traîne désormais ses pieds près de
l’UQÀM, dans le métro à la sortie des cours. Mais ce matin, il n’avait
rien d’un traîneur et sa voix était remplie de conviction.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Il était accompagné d’un gars dans la trentaine. Un manteau trop
grand, mais les poches pleines de mystères. Un tattoo de guerre sur la
main, probablement fait au crayon Bic. Une chaîne en argent, épaisse,
lourde. Une casquette des Canadiens. Un dealer probablement.</span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrNpw8EoVTO-ijvUbFl7Zw8P3z2s4iMl1OvDH-Cfo24-g4ILOl-AuBG5m0Wmdn-CL9QVqayWwRIrSRky3h5O4Tn3z5-6B391ybKPFCIVlfp9-hlt-h4cfXXH5WBWaGzZhy3V8wez5uH-o/s1600/DSC_0043.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrNpw8EoVTO-ijvUbFl7Zw8P3z2s4iMl1OvDH-Cfo24-g4ILOl-AuBG5m0Wmdn-CL9QVqayWwRIrSRky3h5O4Tn3z5-6B391ybKPFCIVlfp9-hlt-h4cfXXH5WBWaGzZhy3V8wez5uH-o/s1600/DSC_0043.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 octobre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">En face de moi, un homme à l’air singulier qui cherche tout le monde
du regard. Alors que les deux dealers à ma gauche désertent
tranquillement leur table, il me fixe et profite de mes yeux qui
divaguent pour m’aborder. Il me parle de mon ordinateur sur lequel je
continue de taper frénétiquement. Je ne comprends pas trop, le fait
répéter et il me parle toujours très vite, avec des mots à moitié
mâchés. Le laisse parler. Me dit que son chum de gars avait trouvé une
batterie neuve qui pourrait fitter dans mon ordinateur. Mais lui avait
un Acer, pas pentoute comme moi. De toute façon, la batterie, il l’a
donnée à une fille dans un autre café. Me dit que ça vaut au moins 60$,
lui répond que c’est probablement plus. Me dit que c’est ben moins cher
quand on fait comme son gars, pis qu’on magasine sur Internet. Lui
souhaite bonne journée tandis qu’il déserte également.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">C’est au tour d’un joli couple de personnes âgées de m’aborder. Me
parle encore de mon ordinateur. L’homme me demande si c’est lourd à
transporter. Lui donne pour qu’il le pèse, lui explique qu’il existe des
modèles plus légers encore. Sa femme inquiète dit que c’est bien beau,
mais que ça prend Internet pour utiliser ça. Mais son mari n’est pas
inquiet lui. C’est pas cher Internet pis avec La Source, ils vont
pouvoir avoir un deal. Leur souhaite bonne journée.</span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf0P8kiceQF2RJHu0dXOua8ozHMk0PK7dhAWcCzBE0_B-RrcUn5crhAVgWkx9JeKI3oigJ2misvkSQa5OINRHLud76bus9BZHq3BZEOokkG61KyBkCQRnM3y4qz1xnOA1iLuRmPqJpgzw/s1600/DSC_0301.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf0P8kiceQF2RJHu0dXOua8ozHMk0PK7dhAWcCzBE0_B-RrcUn5crhAVgWkx9JeKI3oigJ2misvkSQa5OINRHLud76bus9BZHq3BZEOokkG61KyBkCQRnM3y4qz1xnOA1iLuRmPqJpgzw/s1600/DSC_0301.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Me sentir imposteur. Un ordinateur comme le mien, ça fitte bien avec
un beau latté avec d’la mousse en coeur. Dans un décor épuré, avec d’la
musique indie. Avec des images douces esthétisées, avec un barista à la
dernière mode. Dans un Tim Horton d’Hochelaga, c’est toujours un peu
plus suspect.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Mais je continue. Je suis loin d’être la seule devant un écran. Il y
a cet adolescent à casquette qui me lâche des regards une fois de temps
en temps. On dirait qu’il attend quelqu’un, mais il ne mange rien, ne
boit rien. Il joue à son jeu vidéo et il fait le tour de son univers
avec ses yeux.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Il y a ces deux jeunes filles qui regardent frénétiquement leurs
petits écrans. Assises une en face de l’autre, elles ne se parlent pas.
Mais elle partage tout de même le moment en buvant du froid et du chaud
chacune de leur côté. Regard sur l’écran qui défile, regard dehors.</span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz9tz0z0xAB5um_rp7f9-BQRqB3EUB8XP0snBqi1ycEscvrtGHwTJ4vy0ayu7xW3rZV3YximH2DVnltoa-OC4heuWdh_lpTu-Jv_rApRriC0go5n8k8m7y2KKESvuW9Eme8VKOi_-tF-c/s1600/DSC_0371.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhz9tz0z0xAB5um_rp7f9-BQRqB3EUB8XP0snBqi1ycEscvrtGHwTJ4vy0ayu7xW3rZV3YximH2DVnltoa-OC4heuWdh_lpTu-Jv_rApRriC0go5n8k8m7y2KKESvuW9Eme8VKOi_-tF-c/s1600/DSC_0371.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">1er décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">En face, un couple près de la vitrine. Des habitués. La femme se
ronge discrètement les ongles, ne parle pas beaucoup. Elle regarde la
rue Ontario et elle dit qu’il y a trop de monde, trop de monde qui
marche partout, trop de chars, trop de toute. Son mari ne répond pas,
lance un sourire à leur voisin de table, un autre habitué, le genre qui
parle de tout et de n’importe quoi. Elle s’appelle Sylvie. Pis elle
connaît un chanteur gay.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Lui il parle fort, comme s’il parle pour tout le monde. Il dit que
le Centre-Ville, c’est ben pire. « Sainte-Catherine Ouest, hiver comme été,
ça roule, hé, ça roule, tu devrais voir ça ! ». C’est vrai que ça peut
être exotique Sainte-Catherine Ouest. Ça l’a déjà été pour moi pis ça doit
toujours l’être pour mon père qui ne voulait jamais traverser Saint-Laurent
sinon il se sentait mal à l’aise, peur de perdre ses repères. Big arrive, lui je le connais. Il est toujours bronzé, été comme
hiver. Piercing au sourcil. Lui, il les connaît les vraies affaires.</span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiykezvKn61JQZOjhfGJAw16ubQX357KuuICUd_Ss-qFhKmGVZ8oVuKtjTz6yZUNcVjVF9310Re77gRVG8elZCjPMLsrY8Myh0SfgtFzv564NBu-KTcrg7RUb-8MVUqAGnt7dNtENWB7ew/s1600/DSC_0398.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiykezvKn61JQZOjhfGJAw16ubQX357KuuICUd_Ss-qFhKmGVZ8oVuKtjTz6yZUNcVjVF9310Re77gRVG8elZCjPMLsrY8Myh0SfgtFzv564NBu-KTcrg7RUb-8MVUqAGnt7dNtENWB7ew/s1600/DSC_0398.JPG" height="214" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">1er décembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Me sentir envahie, ils sont tout autour de moi et ils attendent
d’exister. Je me sens surveillée. Je range mes choses et je sors
discrètement.</span></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">De toute façon, tout le monde finit toujours par revenir chez Tim Hortons.</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
</div>
<br />Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-61784775958466590292014-11-11T10:42:00.000-08:002014-12-19T13:50:21.654-08:00Rivage 10<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7Cn2t2iVCPvivDbL0FaYmmjo0YYNNSJx6rJ-lokGrcG54FLHUhYI93FQpRpWoTDS2W2oZEKxB32XfFsgI_xAsJuV0okwrqlLxCvo2vW5Zp6-_Y2rNGRW7emIS25AB4rufeb_0kpNptjo/s1600/CASE+10.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7Cn2t2iVCPvivDbL0FaYmmjo0YYNNSJx6rJ-lokGrcG54FLHUhYI93FQpRpWoTDS2W2oZEKxB32XfFsgI_xAsJuV0okwrqlLxCvo2vW5Zp6-_Y2rNGRW7emIS25AB4rufeb_0kpNptjo/s1600/CASE+10.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">3 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Le Bloc est le plus haut de la rue. Y dépasse les autres maisons. </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Du dernier étage, tu vois jusqu'à Notre-Dame. </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">C'est la seule affaire que Roxane aime de ce quartier-là. De sa chambre, elle peut voir loin. </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Jusqu'au fleuve.</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Jusqu'au bout du monde ».</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de <u>Je voudrais qu'on m'efface</u> d'Anaïs Barbeau-Lavalette, Montréal, Bibliothèque québécoise, 2012, [2010], p. 12.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-28359407648784449612014-11-10T12:04:00.000-08:002014-12-20T18:29:49.578-08:00La Belle Province<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3buUMWuyBgpHAtEpTn3imSR2l8nJjfXzkeDBhCfod0V96hbjDt6P7gKDbvOJ4sW0BvJmtlkFDxKpnoab5zdPT36cgsnhpUyK8NJc1tkgjLd8o-jvLDlTtwNMJDIBTZRwsHRK8tyFjjJs/s1600/labelleprovince.tiff" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3buUMWuyBgpHAtEpTn3imSR2l8nJjfXzkeDBhCfod0V96hbjDt6P7gKDbvOJ4sW0BvJmtlkFDxKpnoab5zdPT36cgsnhpUyK8NJc1tkgjLd8o-jvLDlTtwNMJDIBTZRwsHRK8tyFjjJs/s1600/labelleprovince.tiff" height="403" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Belle Province - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/EAr7IPhKH70?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">La moutarde et le ketchup lui coulaient sur le bord de la bouche. C’était peut-être une larme de misère ou une fuite d’espérance, mais c’était surtout une échappé de cantine de la rue Ontario. La coulisse rouge et jaune descendait jusqu’au bout de son menton jusqu’à temps qu’il décide de la ramasser du bout de ses gros doigts déformés par la corne et usés par la graisse des moteurs qu’il démanchait et ramanchait pour de l’argent.<br /><br />C’était son troisième. Après une journée à s’être traîné d’un bord pis de l’autre et à prendre des cafés à l’eau noire, Ti-Nouère s’était installé sur une banquette orange de La Belle Province vers quatre heures pour s’en enfourner une couple avant que la gang se décide à débarquer. C’était son p’tit plaisir depuis que sa femme Claudette était morte l’hiver passé d’une crise de coeur. Ti-Nouère n’avait jamais touché à un four de sa vie, ce n’était pas à son âge qu’il allait commencer.<br /><br />La Belle Province lui faisait office de salle à manger depuis quelques mois. Rapidement, il était devenu un habitué de la place. Il s’installait toujours à la même table, celle dans le coin, sur le bord de la fenêtre pour regarder dehors quand les conversations étaient plates. Il mangeait toujours la même affaire et n’avait souvent rien de neuf à compter. Un moteur qui ne voulait pas se faire arranger, un mal de dos qui ne voulait pas partir, un voisin qui l’empêchait de s’endormir tout de suite après les nouvelles du soir ou un jeune crisse qui lui avait encore quêté de l’argent. « Osti ! Qui travaille comme tout le monde! À son âge, j’avais déjà payé un set de cuisine flambant neuf à ma femme en me servant même pas du crédit ! »</span></span><br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOsXbZ8KP-rrkxScdA6Lg-fKbsMbsNKe22KlXegR3wpHf1h1Lrog3MSBf-t8IgDyHFQPQJFqEa6GsBaH3HbZW5wp_LM3MhssLhnloTnz0dXA_vEsnbbUPMHOomeO6_jbBTq5NPf3b7H9Y/s1600/belleprovince-1.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOsXbZ8KP-rrkxScdA6Lg-fKbsMbsNKe22KlXegR3wpHf1h1Lrog3MSBf-t8IgDyHFQPQJFqEa6GsBaH3HbZW5wp_LM3MhssLhnloTnz0dXA_vEsnbbUPMHOomeO6_jbBTq5NPf3b7H9Y/s1600/belleprovince-1.jpg" height="320" width="203" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carnet de notes - 23 novembre 2014</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Ti-Nouère était une surprise pour personne. Ses chums de La Belle Province l’aimaient comme ça parce qu’ils savaient à quoi s’en tenir avec lui. À quatre heures trente-trois, Jacques, Ben et l’gros Paulo passaient le seuil de la cantine après s’être promenés toute la journée dans les camions de la Ville. Ti-Nouère finissait d’ingurgiter son quatrième hot-dog qu’il faisait descendre avec sa dernière gorgée de Pepsi flat. « Tu vas ben prendre un p’tit café avec nous autres avant de partir ? » lançait toujours Jacques qui devait bien en avoir avalé au moins une demi-douzaine auparavant. C’était pas mal toujours la même histoire. Ben allait chercher le Journal de Montréal et il le feuilletait distraitement pendant que l’gros Paulo passait leur commande. « Tu prends-tu ton cheese all-dressed ? » lui lança Linda du haut de son toupet, de ses leggings et de ses vingt-six ans. « Comme d’habitude ma Linda. Pis un café nouère avec une orangeade ».<br /><br />Linda se replaça le toupet en se scrutant rapidement dans le reflet que lui offrait le stainless steal de la machine à Pepsi. Elle se brûla au passage sur le réchaud de la cafetière, mais elle n’arrêta pas son service pour autant. Elle a hâte de finir son shift, les choses ne roulent pas à sa manière. Les clients s’impatientent; les hangover veulent ingérer la sainte graisse régénératrice, les téteux de café veulent un refill. Ça doit faire deux mille cinq cents fois qu’elle fait l’allée-retour entre sa caisse et les banquettes du restaurant depuis qu’elle a ouvert à sept heures du matin. Elle rêve du moment où elle va pouvoir enfin s’asseoir sur son Lazy-Boy, en enlevant doucement ses souliers, la télé ouverte pour masquer le silence ambiant. « J’suis dans vaisselle, dans l’téléphone, pis j’suis dans bouffe. J’ai ben trop de pression. Ben vite là, mon shift va finir pis j’vais m’en aller d’icitte ». Avant de s’user le dessous des pieds sur le plancher de La Belle Province, Linda a travaillé à La Québécoise, à La Pataterie et à La Belle Place. De toute façon, « elles finissaient par toutes les faire, anyway, c’est de même que ça marche sur la rue Ontario ». Elle raccrocha son sourire pour servir son prochain client en espérant que son tip sera généreux : « Fac qu’est-ce tu vas prendre ? Un numéro trois ? Steamés pis pour emporter ? Bon ben ça va faire neuf quarante-cinq. Merci ma chérie ! Bonne journée ! ». </span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvaGNm0tTHBb6j8PxERQF4E4kR3nYO4eNg3R7HrmAPuZXCR0cmNeyF96y1javn_FUxwI7TOp-viiISERSUJ0cbQSOwO1qJeqbYkqboD3WrKD8e0UBB-gBp9UsKOvno0RIH5OZhx5NiXC0/s1600/belleprovince-2.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvaGNm0tTHBb6j8PxERQF4E4kR3nYO4eNg3R7HrmAPuZXCR0cmNeyF96y1javn_FUxwI7TOp-viiISERSUJ0cbQSOwO1qJeqbYkqboD3WrKD8e0UBB-gBp9UsKOvno0RIH5OZhx5NiXC0/s1600/belleprovince-2.jpg" height="320" width="180" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carnet de notes - 23 novembre 2014</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">D’habitude, il y a son boss Tony qui remplit bien la place et qu’il l’aide à prendre les commandes. Il rit fort en même temps qu’il donne des ordres. Y’est pas facile à vivre, mais y’a le coeur à bonne place. Quand y’a des clients qui commandent des hot-dogs tout seul sans rien d’autre, il met toujours une couple de frites à côté pour qu’ils soient moins tout seuls. Il sait qu’une p’tite partie du monde du quartier se paie un p’tit luxe quand ils font un détour par son restaurant. Mais là, y’est pas là pis elle sait pourquoi. Il est chez Jack le cuisinier qui n’est pas rentré encore à matin. Il doit encore avoir flambé sa paye d’hier dans des grammes et des grammes de coke. Si y’arrête pas, il va tout perdre qu’elle se dit. Mais c’est surtout de sa faute si elle a plus mal aux pieds que d’habitude. <br /><br />Linda arrive dans l’allée en criant un « Merciiiiiiiii Bonne journééééée ! » aux derniers clients qui viennent tout juste de quitter le comptoir. En se dirigeant vers le devant du restaurant, carafe de café à la main, elle prévoit déjà les prochains gestes qu’elle fera : nettoyer la table qui vient de se vider, apporter du ketchup pour le duo de lendemains de veille, prendre la commande de madame Girard, ne pas oublier de vérifier l’assiette de Gilles parce qu’il veut ses « fèves au lard dans l’assiette, pas dans un p’tit cup de carton à côté ». Au détour, elle passera aux tables de Jacques, Ben et du gros Paulo pour s’assurer que « toute es-tu à votre goût les boys » ? Y’en a un de la gang qui lèvera son pouce dans les airs pour signaler que tout va bien, trop occupé à mastiquer ses frites avant qu’elles virent froides. Elle donnera une p’tite tape sur l’épaule de Ti-Nouère, son préféré, pour l’encourager un p’tit peu. Elle sait que ce simple petit geste suffit à rendre tous les autres jaloux.<br /><br />Ti-Nouère, de son côté, est encore dans sa tête. Ses chums ne lui inspirent pas grand-chose de plus. Il lâche un petit sourire à Linda en réponse à ce geste de douceur quotidien qui lui fait tant de bien. Depuis la mort de sa femme, Ti-Nouère voit les questions défiler dans sa tête. Il lui arrive souvent d’être distrait, de regarder dans le vide et de faire le lunatique comme lui reprochait souvent sa mère quand il était enfant. Il ne sait pas ce qui se passera avec lui lorsqu’il n’y aura plus de moteur à ramancher ou lorsque ses doigts refuseront de suivre. Ça l’inquiète de voir que ses chums ne réagissent pas trop. « Peut-être ben que je devrais arrêter de m’en faire avec tout ça » se dit-il en silence. Après avoir quitté Linda, ses yeux se sont fixés sur les grosses photos qui ornent le menu lumineux en haut de la cuisine. La sauce brune qui dégouline de la poutine géante ne lui inspire rien qui vaille, tout comme la viande du pita gyros qui ressemble à de la viande pour chien coupée en fines tranches. Par contre, l’image du hot-dog géant lui laisse toujours une douce impression de bien-être autour des pupilles. L’image est pareille à celle de Chez Gus Patate où son père l’amenait les jeudis soirs pendant que sa mère était au bingo et que ses frères plus vieux jouaient une game de hockey-bottine dans la ruelle avec les voisins Tanguay. Les hot-dogs de La Belle Province goûtent pareils, c’était bien pour ça qu’il a adopté la place comme une seconde demeure.</span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-11979174521336894602014-11-09T10:42:00.000-08:002014-12-19T13:50:39.352-08:00Rivage 11<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMw2ejm49A80eVTm6cHy54qrYsu27mgBrhCC82NtmOlSGgPRZqI6fTWdqK43C_7SfNkzzYu1GWGdYCw05z6VSj-wlmrNN77CAwO4NFuafneNolyrZuc8ZwwK2gaXI7uYygRouyjRKv8-4/s1600/CASE+11.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMw2ejm49A80eVTm6cHy54qrYsu27mgBrhCC82NtmOlSGgPRZqI6fTWdqK43C_7SfNkzzYu1GWGdYCw05z6VSj-wlmrNN77CAwO4NFuafneNolyrZuc8ZwwK2gaXI7uYygRouyjRKv8-4/s1600/CASE+11.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 octobre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Tout le quartier baigne dans un climat de bonté, de compassion et de pitié si fort qu'il réchauffe des objets et des gens qui ailleurs - dans n'importe quelle autre métropole nord-américaine - seraient les signes angoissants d'une misère sans issue, d'une misère froide. Hochelaga-Maisonneuve est un village-dans-la-ville. Les soirs d'été, quand je saute de la 125 et que je descends la côte Valois, les gens semblent se parler de bord en bord de la rue avec une telle intimité que je vois les deux palissades de logements mitoyens comme les deux murs d'un même couloir, et je me sens dans une grande Maison, entouré d'une Famille ».</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de « Montréal, ville magique » de Robert Guy Scully, dans Robert Guy Scully (dir.), <u>Morceaux du Grand Montréal</u>, Saint-Lambert, Le Noroît, 1978, p. 12.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-330534450044540922014-11-08T10:42:00.000-08:002014-12-19T13:52:59.488-08:00Rivage 12<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg09KuIqmn7GRvWjxxqOznVI4ZsYAqTXbtpmiEJYnnCUqmEPxMJ_sQtgpCNk7F7eu84iN7kUvvRuV1i0ykPL_RnwGwu52CGe-sjjQzLG6C9UjWP_HgeevFln4jPx551uQ2s_0TElCcBLgI/s1600/CASE+12.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg09KuIqmn7GRvWjxxqOznVI4ZsYAqTXbtpmiEJYnnCUqmEPxMJ_sQtgpCNk7F7eu84iN7kUvvRuV1i0ykPL_RnwGwu52CGe-sjjQzLG6C9UjWP_HgeevFln4jPx551uQ2s_0TElCcBLgI/s1600/CASE+12.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Ce sont presque des limites naturelles, le fleuve au sud, la rue Sherbrooke au nord, où commencent des terrains vagues qui iront mourir au pied des usines du Pacifique Canadien, et il en est de même à l'est comme à l'ouest, car à l'est et à l'ouest ce sont des voies de chemin de fer qui font sur cette carte imaginaire un pointillé qu'on peut facilement lire car il élève une muraille entre ce qu'il enferme et ce qui est au-delà, c'est-à-dire cette partie environnante de la ville qui n'a rien à voir avec Hochelaga. À l'ouest effectivement, c'est tout à fait autre chose, c'est ce qu'on appelle le parc Frontenac, bien qu'on y chercherait en vain le moindre jardin délectable puisque c'est un quartier d'entrepôts, de salaisons, de wagons de marchandises et de wagons-citernes immobilisés sur des voies d'évitement, de réservoirs d'essence, quartier bourré de Polonais qu'on appelle péjorativement ''Pollocks'' et qui y ont depuis la guerre élu domicile. À l'ouest, cependant, la ligne de démarcation est beaucoup moins prononcé, mais suffisante pour que l'on sache très bien quand on quitte Hochelaga et quand on pénètre dans Maisonneuve, le quartier voisin, il faut le reconnaître, un peu plus huppé qu'Hochelaga. La voie ferrée qui coupe à la diagonale l'angle de la rue Valois et de la rue Ontario est la plaque tournante de cette frontière, une sorte de très bref no man's land au-delà duquel on semble respirer un autre air, où les gens ont une autre allure, de sorte que personne ne s'y trompe ou ne voudrait s'y tromper, cette voie ferrée d'ailleurs, une fois ce point frontalier établi, tire sa ligne vers le sud, puis juste au-dessus de la rue Lafontaine, elle oblique sur sa droite et file vers l'est, parallèlement à cette rue et continue sa course jusqu'à la limite ouest du quartier, opérant au coeur même d'Hochelaga une surprenante coupure longitudinale qui rejette ses habitants de part et d'autre du pointillé qu'il trace sur notre carte imaginaire, mais cette percée est si peu prononcée, si vite franchie qu'elle s'interdit de diviser le quartier en deux parts irréconciliables, il n'y a en fait que le haut et le bas d'Hochelaga et le quartier reste un, on est solidaire par-dessus les wagons-citernes, les wagons à bestiaux et les convois de marchandises qui sont les seuls à emprunter cette </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">voie ».</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré des <u>Rumeurs d'Hochelaga</u> de Jean Hamelin, Montréal, Éditions HMH, 1971, p. 80-82.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-62973989560709577572014-11-07T20:52:00.000-08:002014-12-17T10:56:14.718-08:00La Place Valois<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwZUJQhCTWadwjo1qq21i-rHfZoyY3kjYA8DiclQpMATlUD1hBzo4vfLhKafWN4fzy_nR_7drp0Q6UPu-1_eldhSQ0PhN4RUjjehw4NfVd_SlT7-w6f7WgUERehNeHX0xiiPhCuayT-q4/s1600/placevalois.tiff" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwZUJQhCTWadwjo1qq21i-rHfZoyY3kjYA8DiclQpMATlUD1hBzo4vfLhKafWN4fzy_nR_7drp0Q6UPu-1_eldhSQ0PhN4RUjjehw4NfVd_SlT7-w6f7WgUERehNeHX0xiiPhCuayT-q4/s1600/placevalois.tiff" height="327" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Place Valois et le melting-pot hochelagais - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;"> </span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Une cicatrice de pavés a remplacé le ballast de la grande track qui fendait le quartier en deux où passait la ligne du <b><a href="http://www.atelier-d-histoire-hochelaga-maisonneuve.org/hm/serie_A/31.html" target="_blank"><i>Chateauguay & Northern Railway Company</i></a> </b>pour pénétrer Montréal à partir de Saint-Jérôme ou Joliette. Pôle commercial du siècle passé et en même temps, zone douanière du rang social de ses habitants parce que naître en bas de la track, ça voulait aussi dire avoir à se serrer les coudes pour y arriver. Deux millions d’investissement plus tard, est née la Place (Simon)-Valois pour rappeler à tous et toutes l’esprit d’entreprise et la philanthropie de ce <b><a href="http://www.toponymie.gouv.qc.ca/CT/toposweb/fiche.aspx?no_seq=395266" target="_blank">personnage bienfaiteur</a></b> souteneur de religiosités en tout genre.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Ancienne frontière d’Hochelaga et de Maisonneuve, nouveau centre d’une revitalisation qui explose doucement, place publique en devenir côtoyant le bourgeon commercial de la renaissance du <b><a href="http://www.fugues.com/221226-article-projet-boutique-dans-homa.html" target="_blank">phoenix hochelagais</a></b>, il s’agit également d’une aventure en zone défavorisée pour <b><a href="http://www.lapresse.ca/maison/immobilier/200602/06/01-868592-effervescence-autour-de-la-place-valois.php" target="_blank">Laurendeau, Boutros, Pratte et Samcon</a></b>, les redéveloppeurs d’expérience urbaine avec des prix inférieurs à la moyenne.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Valois-sur-le-Parc ou Boxing Day du logement de la demande vive, son épicentre coeur-de-pierre rêvé par le gratin du quartier passe doucement, lentement, d’un <b><span style="color: #3d85c6;"><a href="http://zonevideo.telequebec.tv/media/8028/hochelaga-maisonneuve/a-la-di-stasio" target="_blank">miniputt de garnotte</a></span></b> à un réservoir habitable pour un village qui se cherche et essaie de se retrouver quelque part sur Ontario.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Deux milles deux cents quarante-cinq mètres carrés de condos abordables et de petits commerces pour <b><a href="http://www.arrondissement.com/tout-get-document/u1732-vert-travaux-place-valois" target="_blank">quarante-deux virgule cinq millions</a></b> d’injectables du privé pour le lancement d’un appel d’offres obligatoirement harmonisé au style de l’ensemble comme catalyseur du développement économique.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Du changement, un boom. Le train de la métamorphose est entré en gare pour le grand bouleversement des trottoirs qui s’élargissent. Des policiers guettent la conférence de presse pendant qu’on s’imagine le logement social à coup de pourparlers avec Harel, Ménard et Gallagher. Sur l’ancien site de Lavo, on désinfecte le désaffecté pour produire un impact significatif sur le potentiel et l’importance du quartier.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Gagner une qualité de vie, se poser, respirer, regarder autour. Réaménager pour s’inscrire dans une logique de mouvance et développer des habitudes de consommation par l’investissement du sentiment d’appartenance dans un geste de développement durable. Flou autour de la Maison de la culture, mais Arhoma vous souhaite la bienvenue avec son oasis de produits artisanaux des meilleurs produits d’ici valorisant le producteur et l’entreprise vraie. Éviter les demi-mesures et aller à la rencontre du <b><a href="http://arhoma.ca/blog/arhoma-vous-souhaite-la-bienvenue" target="_blank">pain quotidien</a></b>, ce produit de qualité à la hauteur de vos rêves. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">À deux minutes à pied de tous les services, la Place Valois est <b><a href="http://www.kijiji.ca/v-appartement-condo-4-1-2/ville-de-montreal/logement-renove-et-disponible-maintenant-chauffage-inclus/1037266841?enableSearchNavigationFlag=true" target="_blank">entièrement meublée</a></b>, lumineuse et de construction récente afin d’offrir une vue panoramique sur les soirs d’été avec feux d’artifices, les ventes-trottoir et les manifestations de casseroles devant un public emballé. Disponible maintenant pour neuf cents quinze dollars par mois chauffage inclus, il faut prendre rendez-vous avec ses passants pour une visite. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Marc le violoniste, fera éclater sa colère sur du Beethoven mal accordé après être tombé du quai du métro. Il tâtonnera le parterre à chaque fois qu’on lui lancera un vingt-cinq cennes comme une pierre précieuse cachée au fond d’une poche. Il sera un meuble dans le décor, on regrettera son absence et sa musique parfois enterrée par le grondement des autobus, des automobiles, des tondeuses et des enfants qui pleurent trop fort. « <b><a href="https://www.youtube.com/watch?v=18bA95Q5HEM" target="_blank">Can we trust each other</a></b> ? »</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Sur un banc en face de la banque, Mario attendera son rendez-vous pour pouvoir emprunter et meubler en neuf son trois et demi coin Cuvillier et Adam même si les murs sont en carton. Il regardera la peinture sur la vitrine du William J. Walter pour s’exclamer que « certains vont penser que ça enlève de la place pour les logements sociaux, mais je ne crois pas ».</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><b><a href="http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2013/05/09/002-hochelaga-embourgeoisement-temoignages.shtml" target="_blank">Johanne et Lucie</a></b> s’inquièteront pour le devenir Plateau d’Hochelaga parce qu’« ici, il y a des locataires qui ne peuvent pas travailler » et qu’« on est envahi par les nouveaux riches » avec des planchers qui brillent autant que les blocs de granite dispersés sur la Place. Elles diront que la pression sur l’immobilier résonnera dans les porte-feuilles des chambreurs et du quatre-vingt pourcent de locataires du quartier.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Stéphane sera comblé par les classiques de la brasserie française issues du terroir québécois relevés d’une touche Art déco du Valois pour manger autre chose qu’une poutine ou des <a href="http://www.quartierhochelaga.com/hmx5-un-hot-doi-a-la-william-suisse/" target="_blank">hot-doï</a>, les seules ressources du coin. Pour de la nourriture raffinée comme à Paris sans être obligé d’être sur son trente-deux et même si les tables manquent de nappes, ce superbe restaurant qui revitalise le quartier saura vous impressionner par sa bonne vue sur la place extérieure puisqu’elle permet de s’imprégner de l’atmosphère du dehors.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">François la trouvera schizophrène parce qu’elle est riche, pauvre, sale et snob avec ses maganés, ses préjugés et ses jeunes familles se croisant dans le coeur de cette mixité brute de sushis-steamés à saveur post-industrielle en étant pour le logement social sans prostituées sur son balcon, pour le filet social mais contre les partys de ruelle à tous les premiers du mois parce qu’« un moment donné faut savoir mettre des limites et surtout se convaincre qu’on est pas tous nés pour un petit pain » !</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Stéphane un peu pressé avec son grand latté pour emporter vous dira qu’il a subit « trois ans de persécutions de gens qui ne [le] connaissent pas et qui jugent sans procès ». Il n’aime plus ce quartier constamment vandalisé par des jeunes, sûrement des revendicateurs lanceurs de briques et de peinture qui n’ont probablement pas vingt-cinq ans. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Toutes ces voix vous chuchoteront que la Place Valois a été réapproprié par les gens du quartier assis dans le jour et par les commerces de survie comme les bistros qui poussent, </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Que ça a changé quelque chose comme donner un caractère habitable pour une mixité, une richesse, un village, une diversité pour des jeunes professionnels au revenu élevé et tout autre déclinaison atypique du fastfood.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Que c’est vrai comme des tartares fusions et des grands vins au prix du verre et des chiâlages de balcon camouflés dans la vraie vie du clivage entre les riches et les pauvres.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Que l’architecture qui rappelle l’entrecroisement des rails comme pour les gares de triage crée du lien vert qui dépasse les espérances de la sortie de la misère.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Excellente nouvelle pour la fierté et l’émotion de la chaîne de décision, pour le patrimoine du comité exécutif et les vestiges du paysage caractérisant le visage du quartier.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><b><a href="http://www.arrondissement.com/tout-get-document/u435-place-valois-reve-devient-realite" target="_blank">Le rêve devient ici réalité</a></b>. </span></span></div>
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;"></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-75764763424024734012014-11-06T10:43:00.000-08:002014-12-19T13:53:12.620-08:00Rivage 13<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJy-0EqY3-D5fkdzea9Q1jkS5x59wBx_-z2KOd6be0EvkKnTXJsBvtfHpDAhXbgdIeYZ_Y2YVJ7PiXDgMiphGdh5yuFzv8SXYR6_SG2PHQaoh3l7ZBxmvQIXvTb23eia2xCodBi_tPMc8/s1600/CASE+13.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJy-0EqY3-D5fkdzea9Q1jkS5x59wBx_-z2KOd6be0EvkKnTXJsBvtfHpDAhXbgdIeYZ_Y2YVJ7PiXDgMiphGdh5yuFzv8SXYR6_SG2PHQaoh3l7ZBxmvQIXvTb23eia2xCodBi_tPMc8/s1600/CASE+13.JPG" height="400" width="267" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« Mars a sombré - <u>sombré,</u> oui - dans la fange impossible des avant-printemps boueux. Amas d'immondices, crottes, tapons malodorants et autres vestiges ornent le sol détrempé ou les couloirs des ruelles, se mêlent à la dernière sloche, à l'eau sale des fondrières ».</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de « Cinq-zéro-huit-trois : 2 » de Gabriel Landry dans <u>L'oeil au calendrier</u>, Montréal, Québec/Amérique, 2007, p. 126.</span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-12246771180224407722014-11-05T10:43:00.000-08:002014-12-19T13:54:21.331-08:00Rivage 14<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKDJPik_6WdGobukXseXjPfsRgLT531zPVN6Sdt2k3lPxVm5RzlH3_YrysCcMVePlFghptFOHSHatU_7agoSqt8h58iWtLXnvh5jYizYhWQHGjXv2U07Cor3gUgCtGfzEaGgvc1H32jSc/s1600/CASE+14.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKDJPik_6WdGobukXseXjPfsRgLT531zPVN6Sdt2k3lPxVm5RzlH3_YrysCcMVePlFghptFOHSHatU_7agoSqt8h58iWtLXnvh5jYizYhWQHGjXv2U07Cor3gUgCtGfzEaGgvc1H32jSc/s1600/CASE+14.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 novembre 2014 - Poutine Gracieuse<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">« Je voudrais vous expliquer mon expérience à mon école. Le premier
jour où je suis arrivée à l’école Baril, tout se passait à merveille.
Par contre, un jour j’ai dû changer d’école pour aller à l’école
Hochelaga. Puis, un an plus tard, j’ai dû encore déménager et je suis
allée à Louis-Riel. Quand je suis entrée dans l’école secondaire, j’ai
tout de suite vu que ma classe était plus grande que jamais et c’est la
chose que j’aimais le plus à Louis-Riel. Par contre, ce que je n’aime
pas, c’est que la polyvalente est trop grande et on peut s’y perdre. J’aimerais que mon école primaire soit plus proche de chez moi, car
je n’aime pas prendre l’autobus; ça me donne le mal de mer. Si j’avais à
reconstruire l’école Baril, elle serait grande, prestigieuse,
fréquentée par plein d’enfants et renommée pour la bravoure des enfants à
bien travailler. Pour moi, on est à l’école pour apprendre; on apprend aussi de nos
erreurs. Quand je vais à l’école, j’aime faire des jeux de
multiplications et des divisions en classe. Ce que j’aime le plus est de
faire des concours de verbes ou de multiplications les gars contre les
filles (et que les filles gagnent évidemment) ».</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Tiré d'une <a href="http://www.quartierhochelaga.com/une-ecole-a-faire-rever-lettre-de-lara-banduenga/" target="_blank">lettre de Lara Banduenga</a>, « Notre école à faire rêver », <u>Quartier Hochelaga</u>, 5 mai 2014.</span></span>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-48495497723813815792014-11-04T10:44:00.000-08:002014-12-19T13:54:33.385-08:00Rivage 15<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_soaY65-wntxmoklfzKQ5OVjxIFipnG2YD9dxilgfvuXSLyZxLhO9nq-NDPh4Q-SWEPywuLvw-u1waqGePnxRBKRFQ5srJaCNs45AG6-KmpZE-B0Tf7Wevh1-m782UHjdtCp5c2LAXgY/s1600/CASE+15.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_soaY65-wntxmoklfzKQ5OVjxIFipnG2YD9dxilgfvuXSLyZxLhO9nq-NDPh4Q-SWEPywuLvw-u1waqGePnxRBKRFQ5srJaCNs45AG6-KmpZE-B0Tf7Wevh1-m782UHjdtCp5c2LAXgY/s1600/CASE+15.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« <span style="color: black;">Le
quartier Hochelaga-Maisonneuve de mon enfance était un quartier
ouvrier. Pas riche, mais pas pauvre non plus. La classe moyenne,
moyenne. Il y avait des pauvres, certes, mais, la majorité des familles
vivaient adéquatement bien que modestement - une sorte de simplicité
involontaire - grâce au salaire du père qui plus souvent qu’autrement,
travaillait dans l’une des nombreuses usines du coin. La Vickers, la
Dominion Textile, l’American Can, Johnson & Johnson, la biscuiterie
Viau, ou comme débardeurs dans le port de Montréal, au pied du boulevard
Pie IX.</span><span style="color: black;"> S’ils
ne ‘punchaient pas à' manufacture’, les chefs de famille étaient petits
commerçants, comme mon père. Ou des vendeurs, comme le paternel de Lise
Watier qui a grandi au 2<sup>e</sup>
étage d’un vieux triplex, rue Chambly. (Aujourd’hui, le Pavillon Lise
Watier sur la rue Ontario, soutenu par sa Fondation personnelle,
accueille des femmes itinérantes. Pas mal plus constructif que de
vandaliser des commerces.)</span><span style="color: black;"> Les
pauvres à cette époque, pour la plupart étaient chômeurs, ou accidentés
du travail ou malades chroniques. Des poqués de la vie. Ou des veuves
avec des bouches à nourrir. Peu de gens restaient à la maison pour le
plaisir. Une boîte à lunch en métal et un Thermos rempli de soupe aux
pois étaient signes de fierté. Les parents travaillaient fort pour que
leurs enfants connaissent une vie moins rude qu’eux. Pour qu’ils
s’instruisent ».</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><span style="color: black;">Tiré du <a href="http://www.journaldemontreal.com/2013/12/05/a-la-defense-dhochelaga-maisonneuve" target="_blank">blogue de Louise Ravary</a>, « À la défense d'Hochelaga-Maisonneuve »,<u> Journal de Montréal</u>, 5 décembre 2013. </span></span> Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-58499988953290399892014-11-03T14:19:00.000-08:002014-12-19T21:03:20.081-08:00La Pataterie<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLaGo50mkpa9t0sk4RhTqpzmSR1R4WOi2n51zBWprLVMgR0sQ4YN28QiW69Cz0G-Narg1k3oG0GPweMiQ5SYA2CPA2mWegAvAuzotQ5Mlv3QbOuNtaZlezNA08d9i3iaVtAz41haH4M2Y/s1600/lapataterie.tiff" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLaGo50mkpa9t0sk4RhTqpzmSR1R4WOi2n51zBWprLVMgR0sQ4YN28QiW69Cz0G-Narg1k3oG0GPweMiQ5SYA2CPA2mWegAvAuzotQ5Mlv3QbOuNtaZlezNA08d9i3iaVtAz41haH4M2Y/s1600/lapataterie.tiff" height="391" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">La Pataterie, sur son coin de rue - Google Maps</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/bYmkuypuiLY?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhApFFr7RHI_yZIVXZBcEnxb1pAltnAyK7uQwSpSSZod9YzgdY8IzqiKa5T7-pFfUaGHnUC2V51KWP5CHIlm2-hdXmf0uxOJP7l5AOMBK2OwJk40BEDY8iDVYKmtTxJAfGwaTJmm1l_mxo/s1600/aVUMO6YDA0f7DJ.jpg" height="320" width="240" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Source : <a href="http://www.urbanspoon.com/r/67/722859/restaurant/Montreal/Hochelaga-Maisonneuve/Restaurant-la-Pataterie-Montreal" target="_blank">Urbanspoon</a></td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">La Pataterie, c’est un petit bijou du quartier où le tout Hochelaga se retrouve avant d’aller faire l’épicerie chez Métro ou au retour d’une course au Pharmaprix. Peu importe l’heure de la journée, on fait souvent la file pour s’abriter sous son toit de lambris orange et ses grandes vitrines qui assurent une vue imprenable sur les passants de la rue Bourbonnière. Avant d’y entrer, une grande affiche rectangulaire trône de toute sa hauteur au coin de la rue pour annoncer qu’on est bien au bon endroit et non pas dans n’importe quel snack à patates. Au grand dam de plusieurs puristes, cette affiche s’est dernièrement métamorphosée : le design <u>new wave</u> où reposait tout le kitsch de la rue Ontario et qui annonçait frites, hot-dogs, hamburgers et le service de la défunte crème glacée, a fait place a une frite-gentleman aux tons de blanc et de vert régnant sur un nouveau slogan « Simple et Frais ». Et pourtant, cette institution n’a pas besoin de justifier sa simplicité et sa fraîcheur puisqu’on accourt de partout pour déguster son <u>double-cheese-bacon</u> avec sa tranche de tomate juteuse et sa poutine à la sauce incomparable où le fromage fait, sous le dent, un réel « squik ». Le tout pour un prix qui permet de « prendre tout ce qu’on veut » et matérialisé devant soi en moins de deux. </span></span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc96OKq6SvjzBl9famro0yiHlKcGnGF7tIb7iai9DhG32UeDMReB8PgOf8eniNPPwWL23XfABf4mFuHB6p8z5LjTGk3S3wspYNzs9tQ0ZIefAyxhGqFhnxqISpPwW8H8wE6ZO5EfHgS3k/s1600/tumblr_inline_nc8gq2ytmF1qgbrct.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc96OKq6SvjzBl9famro0yiHlKcGnGF7tIb7iai9DhG32UeDMReB8PgOf8eniNPPwWL23XfABf4mFuHB6p8z5LjTGk3S3wspYNzs9tQ0ZIefAyxhGqFhnxqISpPwW8H8wE6ZO5EfHgS3k/s1600/tumblr_inline_nc8gq2ytmF1qgbrct.jpg" height="240" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Source : <a href="http://mrlewburger.com/post/98026167330/lapataterie" target="_blank">Mr Lew's Great Burger Search</a></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">À La Pataterie, on s’y retrouve pour observer la valse constante de ses travailleurs où les cols bleus du <u>comfort food</u> répètent leurs tâches jusqu’à l’atteinte de la perfection. Dans ce temple où l’application du taylorisme donne naissance à des chefs-d’oeuvre de <u>hot-doïlle</u>, la calleuse de commandes chante son plaidoyer de <u>numéro-un-steamés-all-dressed-pas-de-moutarde-ketchup-à-côté-changer-les-frites-en-poutine-pour-emporter</u> à une vitesse incommensurable et dans une langue à peine intelligible. Sa mélodie raisonne sur le plastique des banquettes et forme une trame sonore pour les occupants du restaurant qui cherchent à passer le temps. Derrière le comptoir, personne ne l’écoute réciter sa sérénade et ils vont tous, à tour de rôle, vérifier les commandes qui s’accumulent à la chaîne sur les bouts de papier expulsés de la caisse enregistreuse. Le <u>faiseux</u> de frites part une nouvelle fournée de la main droite tout en remplissant des casseaux de ces éclats graisseux et dorés de la gauche, l’<u>enfourneux</u> de saucisses attrape ses pains dans l’attente de la prochaine commande, les <u>flipeux</u> de boulettes se la coulent douce en beurrant le revers d’un pain hamburger d’une louchée de <u>relish</u>. La laveuse de tables repasse pour la vingtième fois par-dessus le travail déjà fait en récupérant les plateaux abandonnés pour la prochaine ronde. Les rouages de la chaîne de division du travail sont bien huilés par les corps gras qui s’y dandinent et chacun n’hésite pas à répéter sa scène sans rechigner.<br /><br />À La Pataterie, on se retrouve, même si souvent on y vient seul. On y boit son café dans un verre de styromousse en complétant les mots croisés du <u>Journal de Montréal</u> déjà amorcés par un autre avant soi. On jette nonchalamment du vinaigre sur une frite délivrée de son corsage de carton en essuyant ses doigts gras sur un napperon grisâtre. On se noie dans le ketchup et dans une grosse gorgée de coke avalée trop vite. On mâchouille sa dernière bouchée en fixant la muraille géante qui occupe le mur du fond et qui se charge de nous rappeler où on est. On engloutit ses dernières frites avant de laisser la place à d’autres qui mangent debout parce que l’endroit déborde de partout.<br /><br />À La Pataterie, on s’y retrouve sans discrimination d’âge, de sexe ou de classe sociale. On y parle anglais ou français étant donné qu’on finit toujours par se comprendre. On peut y oublier un petit quelque chose dans la discrétion du moment, mais on repart toujours avec quelque chose en plus, une odeur de l’endroit qui s’empreigne jusqu’à la racine de cheveux. <br /><br />On expire La Pataterie comme elle inspire le quartier.<br /><br />***</span></span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqdOio77g-e3fd0QHe5-mZn4_mWkp92x7fCKZotP7dGXCoBQc0rODQ7czYBSMd-It2R8ydVqusGvBQRYw16hKB9b4rAtW9c-ffsIcKnkvAb6O049bCAcbFbl0M5MqTo_Rbq3B4Vy6OfuI/s1600/pataterie-1.jpg" height="320" width="188" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carnets de notes<br />
1er décembre 2014</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Assise face à la télévision sans son, je regarde les nouvelles défiler. Une coupure gouvernementale par-ci, un accident par là, demain il fera soleil avec une possibilité d’ennuagement plus tard en journée et un maximum de plus huit. Sur la banquette en face de la mienne, une femme seule n’arrête pas de se retourner vers la sortie. Au passage, elle me jette un coup d’oeil discret, « pourquoi écrit-elle ici celle-là », doit-elle se dire. Elle sort un cellulaire de sa poche, « j’t’attends là, t’arrives-tu ? », se retourne de nouveau, se lève, enlève son manteau, prend son sac d’épicerie qui reposait à ses pieds et le met devant elle, se rassoit, se retourne de nouveau. Elle regarde tout autour d’elle, s’arrête et gesticule vers le comptoir des commandes. Une place vient de se libérer, « hé, y’a une place icitte ! », elle veut être utile dans l’attente.</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><br /></span></span>
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"></span></span><br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkBuX0Ke8iJnY4EFf_THEpxWTSbJjK955QtbvVsXrwpf0-fhyphenhyphenC4K6haBWmDiLYsf0H05n6ngh8OKsJ37yZj88l4-ENHgFYlkH4HUwXKXRe7ptBJmTlE7ZG6mkvMx67bpLTpvVeWDg64wg/s1600/pataterie-2.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkBuX0Ke8iJnY4EFf_THEpxWTSbJjK955QtbvVsXrwpf0-fhyphenhyphenC4K6haBWmDiLYsf0H05n6ngh8OKsJ37yZj88l4-ENHgFYlkH4HUwXKXRe7ptBJmTlE7ZG6mkvMx67bpLTpvVeWDg64wg/s1600/pataterie-2.jpg" height="320" width="200" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Carnets de notes<br />
1er décembre 2014</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">À ma droite, une jeune fille branchée-tattouée-percée-fringuée tient son hot-dog de la main droite en faisant défiler son Iphone de la gauche. Un peu plus loin, une dame d’un âge avancé vide le contenu de son sac à main et le range méticuleusement. Elle aligne devant elle des petits sacs de gâteries pour chat de saveurs variées. Un homme en chaise roulante paie la traite à sa blonde qui lui sourit de toutes ses dents. Une femme d’un âge indéfinissable mange une frite à la fourchette. Elle prend bien soin de tremper chacun des spécimens dans un petit amas de ketchup qui trône sur son cabaret avant de l’emporter jusqu’à sa bouche, dans un mouvement d’une parfaite lenteur. Un vieillard mastique son hamburger jusqu’à s’en décrocher la mâchoire. Une habituée parle de sa fin de semaine avec la calleuse. <br /><br />Une autre dame seule me fixe sur ma diagonale. Je la croyais entrain de lire le journal, mais je remarque qu’elle écrit, comme moi, sur des feuilles distraitement cachées sous son cabaret. Je lui envoie un sourire puisque j’apprécie ne pas être la seule à pratiquer cette activité relativement peu habituelle dans ce genre d’établissement. Elle me fuit en retournant légèrement son corps vers la vitrine extérieure. </span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;">Il est quatorze heures. L’achalandage est à son paroxysme. Je quitte, aussitôt mon repas terminé. Je laisse ma place à d’autres, à ceux qui mangent debout, à ceux qui sont pressés, à ceux qui souhaitent prendre leur temps, à ceux qui plus tard, marcheront en transportant avec eux l’odeur du quartier.</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<!-- Blogger automated replacement: "https://images-blogger-opensocial.googleusercontent.com/gadgets/proxy?url=http%3A%2F%2F2.bp.blogspot.com%2F-w4WmV0Mk7Rw%2FVJGiEKlPcOI%2FAAAAAAAAAXU%2FfvOM6B51DlM%2Fs1600%2Fpataterie-2.jpg&container=blogger&gadget=a&rewriteMime=image%2F*" with "https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkBuX0Ke8iJnY4EFf_THEpxWTSbJjK955QtbvVsXrwpf0-fhyphenhyphenC4K6haBWmDiLYsf0H05n6ngh8OKsJ37yZj88l4-ENHgFYlkH4HUwXKXRe7ptBJmTlE7ZG6mkvMx67bpLTpvVeWDg64wg/s1600/pataterie-2.jpg" -->Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1779069431351284852.post-26534644132511105692014-11-02T10:44:00.000-08:002014-12-19T13:54:44.838-08:00Rivage 16<span style="font-size: large;">
</span><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiR9ZhlHUfGBnIiV2h5dUw97DztORMoKfQcVWdPUYwfQK26GjBQHSMf4AmDKDFN0imaD_7n9Q4IMmN1h5I08VevFARCCqxR1RIec7a8-_IAxhNcJOVTty-Hy3cNukHgP2HTXTna_CmNKqk/s1600/CASE+16.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiR9ZhlHUfGBnIiV2h5dUw97DztORMoKfQcVWdPUYwfQK26GjBQHSMf4AmDKDFN0imaD_7n9Q4IMmN1h5I08VevFARCCqxR1RIec7a8-_IAxhNcJOVTty-Hy3cNukHgP2HTXTna_CmNKqk/s1600/CASE+16.JPG" height="267" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">9 novembre 2014 - Poutine Gracieuse</td></tr>
</tbody></table>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">« À l’école, il y a un gars qui s’est fait piquer avec une seringue. Les médecins ont fait un test pour voir s’il avait le sida. Parce que la seringue avait déjà servi. Il faut toujours désinfecter quand on utilise une seringue »,</span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Tiré de <u>C'est bon d'en parler, des enfants du quartier Hochelaga-Maisonneuve prennent la parole </u>par Luc Bégin (dir.), Montréal, Hôpital Sainte-Justine, 1998, p. 57.</span>Unknownnoreply@blogger.com0